mardi 22 avril 2025

Partir ?



On reprend les mêmes et on recommence. Chris Offutt clôture sa trilogie des collines avec les personnages qui l'incarnent : le schérif Linda Hardin et son frère Mick, vétéran de l'armée revenu chez lui dans le Kentucky. Après Les Gens des collines et Les Fils de Shifty, (tous les deux édités chez Gallmeister et traduits par Anatole Pons-Reumaux) le lecteur s'est pris d'amitié pour les habitants des collines, des ruraux taiseux dont les vieilles blessures familiales sont transmises de génération en génération.

Or, cette fois-ci, Mick en a marre. Il a décidé de rejoindre un ami en Corse pour s'éloigner de Rocksalt en général et de tout son passé en particulier. Ce voyage sera un tournant, il en est sûr ; c'est pourquoi, avant de quitter le territoire, il décide de se poser une dernière fois dans son Comté afin de profiter de sa sœur Linda, shérif de la bourgade.
Simplement, Mick n'est pas du genre à se croiser les pouces. Linda et son adjoint Johnny sont en prise avec une étrange histoire de meurtre. La victime est un mécanicien sans histoires, bien connu de tous, dont le seul penchant était de s'intéresser de près aux coqs !
A force de tirer les fils de l'enquête, Mick met au jour une affaire bien plus étendue et, à partir de là, les cadavres s'amoncellent jusqu'à ce que sa propre sœur devienne la cible.

Parfois, pour arriver à ses fins, il ne faut plus rester sur la ligne de crête et demander de l'aide aux "parrains" locaux. Ce qui nous vaut des chapitres fascinants où Mick se rend dans le Michigan afin de trouver un témoin crucial susceptible de résoudre l'affaire du Kentucky. Pour y parvenir, il est obligé de pacter avec le chef de gang du coin.

La Loi des collines en raconte bien plus sur les mentalités et les mœurs de l'Amérique profonde qu'un simple documentaire. Il y existe des règles tacites qui se transmettent de génération en génération et que rien ne pourrait abolir. Alors,  pour mener une enquête, il faut contourner tout cela et prendre les gens tels qu'ils sont. 
Ce dernier opus est moins noir que les précédents mais reste dans la même veine. Le personnage de Mick est moins torturé, plus posé, comme si la retraite avait levé un voile sur ses activités. Plus les pages défilent plus on le sens ancré à son Comté, amoureux de ce qui l'entoure et de ce que les ruraux incarnent. Il a grandi avec toutes ses valeurs. partir serait les renier peut-être.
"Il se demanda s'il n'avait pas commis une erreur en quittant l'armée. Un cardinal déboula sur un pommier sauvage dans un éclair rouge. L'armée ne lui manquait pas. Les bois où il avait grandi lui manquaient. C'était le seul endroit de sa vie où il s'était senti en sécurité". 

Ce roman peut se lire indépendamment des précédents, mais pour en saisir toute la mesure y compris dans la psychologie des personnages, je vous conseille de les lire dans l'ordre.


Ed. Gallmeister, février 2025, traduit de l'anglais par Anatole Pons-Reumaux, 528 pages, 23.49€

Titre original : Code of the hills