Mick Hardin est de retour dans sa ville natale de Morehead dans le Kentucky. Normalement il est en permission pour une quinzaine de jours car son épouse doit accoucher mais le seul hic dans cette histoire c'est que le bébé n'est pas de lui. L'amour avec un océan qui vous sépare a eu raison de son couple. Depuis quelques années, Mick est basé en Allemagne où il officie comme enquêteur pour l'armée. Il a toujours cru que son couple serait assez solide pour supporter la séparation. Il se trompait.
Mick Hardin est de retour donc et son seul objectif est de se saouler dans la cabane de feu son grand-père. Or sa sœur Linda, nommée shérif du Comté et en proie aux pressions politiques du gouverneur mysogine, lui demande de l'aide. Une jeune veuve vient d'être retrouvée morte dans les bois et pas l'ombre d'une piste fiable. Mick est connu et respecté dans le coin, il arrivera à faire parler les habitants des collines qui ont une fâcheuse manie à se faire justice eux-mêmes et accueillir les gens une arme à la main. Ce sont des taiseux comme lui qui n'aiment pas qu'on fouille dans leurs secrets de famille.
Seulement, même si notre héros pense que son bled est "un joli coin pour mourir", il ne faut pas qu'il devienne un lieu d'impunité sinon Linda y perdra son poste et les habitants leur tranquillité légendaire.
Les Gens des collines est un roman qui raconte l'Amérique profonde, de ses petites villes où tout le monde se connaît car personne n'a vraiment le courage de partir. Son héros est un homme tiraillé, qui ne sait plus vraiment dans quel lieu il se sent chez lui.
"Un fragment de son esprit aurait préféré ne jamais être rentrée tandis qu'un autre aurait préféré ne jamais avoir quitté le Kentucky. Il se demanda où il était chez lui désormais, ce que signifiait être chez soi".
Chris Offutt explique deux mondes que tout oppose : celui de l'armée dans lequel "le temps avait un caractère malléable dans le désert, comme s'il s'écoulait lentement, voire pas du tout, puis bondissait d'un coup ou reculait de deux siècles", et celui de sa ville natale dans lequel chaque espace est rempli et où l'individualisme est de rigueur.
L'enquête sur le meurtre de la veuve en devient secondaire tellement la question de l'appartenance a un lieu est insistante. Et c'est ce qui fait sûrement de ce roman, premier opus d'une trilogie à venir, une bonne introduction pour appréhender cette population des collines fonctionnant souvent comme des clans à la violence larvée qui ne demande qu'un événement déclencheur pour déferler.
Ed. Gallmeister, avril 2022, traduit de l'anglais (USA) par Anatole Pons-Reumaux 240 pages, 22.50€
Titre original : The Killing Hills