vendredi 12 avril 2024

RUE DES ALBUMS (146) La Maison rouge

 



La particularité de ce magnifique album américain est que le narrateur est la maison. Elle est animée d'une âme et fait corps avec ceux qu'elle protège. 
"Ma famille m'aimait. J'aimais ma famille.

J'étais plus qu'une maison. J'étais leur maison.

J'étais la Maison rouge". 

C'est pourquoi, lorsque la première famille qu'elle a vue grandir et s'épanouir déménage, elle décide de les attendre, quitte à ne prendre plus soin d'elle.

"Des semaines, puis des mois passèrent.

Ma famille ne revint pas.

De tristesse, mon toit s'effondra.

(...) Des larmes glissèrent le long de mes fenêtres.

Laissant de longues traînées sales." 

La superbe maison rouge est devenue une maison abandonnée jusqu'au jour où deux jeunes hommes entrent à l'intérieur malgré la résistance de la Maison. Et puis, tout haut, ils commencent à se projeter à lui parler : ils vont la réparer, l'embellir pour en faire un doux foyer. 

A ces mots, la Maison décide de se laisser faire, elle n'en peut plus d'être seule. Et quand un bébé vient compléter le foyer, le bonheur est au complet.

"Un jour, ils passèrent la porte
 avec un bébé dans les bras.

La petite fille rit, et mon cœur se gonfla.

Bientôt, des petits pas envahirent mes planchers".

La Maison rouge est redevenue un foyer où les occupants prennent soin d'elle. 

Cet album est superbe car il véhicule des messages sur la notion de famille : la première est avec un papa, une maman et la seconde se compose de deux papas. De plus, il intègre l'idée que la maison n'est pas qu'un assemblement architectural. Il se remplit des émotions humaines, elle a la mémoire des murs et se lamente quand elle se retrouve seule.

Côté illustrations les couleurs sont chaudes et représentent des scènes du quotidien. Les couleurs redeviennent froides quand la maison est seule, symbolisant ainsi les émotions des murs.

Texte et illustration font de ce livre une pépite !

Ed. Alice, 2021, traduit de l'anglais (USA) par Anne Cohen Beucher, 46 pages 15€