En 1830, dans son ouvrage Une passion dans le désert, Balzac évoquait déjà la fascination provoquée par le désert sur les hommes. A la fois lieu de refuge et enfer sur Terre, il est à la fois attraction et répulsion, abritant en son sein ceux qui veulent s'y cacher.
"Dans le désert, voyez-vous, il y a tout, et il n'y a rien... C'est Dieu sans les hommes." (Une passion dans le désert, Balzac, 1830)
Dieu sans les hommes raconte les histoires de personnages qui se croisent dans le désert Mojave. Lieu de passage pour les uns, lieu de vie pour les autres, ce désert autrefois peuplé par les indiens Navajo qui y ont tissé leurs légendes, a caché des "ovnibulés" dont Dawn, l'actuelle gérante d'un motel minable en bord de route, a fait partie. Dans les années soixante, soixante-dix, le centre terrestre original du Commandement galactique d'Ashtar rassemblait des milliers de gens en quête de réponses, voyant dans le désert, le cœur du mystère liant le monde à celui des extra-terrestres.
Et ce n'est pas la première fois que des enfants y disparaissent pour revenir transcendés. Ainsi, en 2008, Jaz et Lisa, couple huppé de New-York, y a perdu leur fils autiste Raj qui reviendra quelques temps après complètement transformé...
Lieu de révélations ou de mystères enfouis dans les grottes, le désert est aussi en proie aux phénomènes extraordinaires que les Hommes n'arrivent pas à expliquer sans en impliquer Dieu. Hari Kunzru remplit "le rien" du paysage pour en faire un récit captivant, démiurge littéraire de chacun de ses personnages étroitement liés entre eux sans le savoir.
Ed. Bourgois, collection Titres, traduit de l'anglais (USA) par Claude et Jean Demanuelli, juin 2022, 600 pages, 13€ (réédition 2012 Lattès)
Titre original : Gods without Men