Au début Kamel veut se faire oublier. Rester même enfermé pour fuir le regard des autres afin de ne pas être repérer. Par qui, par quoi, le lecteur ne le sait pas mais devine que c'est à la frontière de la légalité. Il décide de se perdre dans un petit village. Il paye la location de sa maison en liquide et décide de vivre chichement pour refaire sa vie de l'autre côté du globe.
"Wozniak ne sort pas de la maison, il n'a pas l'intention de s'exhiber dehors .Il s'astreint à une période de sûreté, une quarantaine. C'est un forcené. Un dissident, un déserteur".Seulement, c'était sous estimer ses congénères. Le propriétaire, la voisine, les jeunes du coin, la gendarmette font connaissance avec le nouveau venu. Au début, Kamel reste sur ses gardes, puis décide de lâcher du lest. Il court avec Soraya, entame une liaison avec Laure sa voisine, aide les jeunes dans leurs commerces illicites pour soi-disant mieux les surveiller.
"C'est dur de lire en toi. On dirait que tu t'es évadé. On se dit que tu fuis quelque chose. Que tu as fait des bêtises. Je sais pas, on dirait que tes attitudes ne correspondent pas aux sentiments que tu éprouves". (Laure)Tandis que son projet de nouvelle vie aux antipodes s'avère de moins en moins réalisable, Kamel devient davantage transparent. Les gens qu'ils côtoient commencent à percer la carapace qu'il s'est forgé. Et le lecteur commence à entrevoir la vérité...
"Ma vie est une blague qui ne fait rire personne",lui dit Laure. Celle de Kamel aussi, peut-être.
Secrets, non-dits, mais parfois les confidences se font à travers les regards, les demi-phrases. Kamel est la personne parfaite à qui se confier, sur qui s'épancher, alors qu'il garde en lui ses propres blessures qu'il semble avoir tant de mal à cicatriser.
Nicolas Maleski a construit son roman avec le talent d'un orfèvre. La Science de l'esquive distille son intrigue avec parcimonie sans pour autant frustrer le lecteur jusqu'au dénouement.
Ed. Harper Collins, collection Traversée, janvier 2020, 224 pages, 17€