L'autisme, vous connaissez ? Si vous n'êtes pas concerné par le sujet, vous avez sûrement entendu les poncifs en tout genre qui à force ont formé un gloubi-boulga dans votre esprit. Mieux vaut laisser la parole aux parents d'enfants atteint du syndrome. Il y a autant de vécus différents de l'autisme qu'il y a d'enfants autistes. Yvon Roy a utilisé ses talents de dessinateur pour raconter son histoire. Il était une fois Yvon, papa d'un petit Olivier ...
Et comme tous les parents du monde, il s'est déjà projeté dans l'avenir : un jour, Olivier ira à l'école, sera diplômé, jouera au football et partagera plein de choses avec ses parents. Sauf qu'à l'âge où la parole se met en place, Olivier reste muet. Ses parents se sont bien rendu compte que c'est un enfant solitaire, qui fuit le regard, alors ils décident de lui faire passer des examens. Le couperet tombe : Olivier est autiste. Le "gros mot qui fait peur" est lâché. Alors qu'ils sont en plein désarroi, on les inonde de documentations sur le sujet, comme si Olivier est un animal sauvage qu'il faut apprivoiser.
"Les spécialistes noues envoient de la documentation sur toi, faut voir ça. On dirait un guide d'assemblage pour un meuble Ikea avec cinq morceaux en moins... Comment vivre avec une bibliothèque sans étagères".Le couple s'est séparé mais a su rester uni pour éduquer Olivier. Yvon a du d'abord renoncé aux rêves qu'ils s'étaient faits pour son fils pour enfin accepter son handicap. Depuis, lorsque c'est son tour de garde alternée, il partage beaucoup de choses avec son fils, le fait progresser, lui apprend à regarder les gens dans les yeux. Cela prend du temps, mais ces petites victoires permet au petit d'intégrer une école normale malgré sa différence. En grandissant, le handicap s'estompe, Olivier accède à la sociabilité même si, de temps en temps, les crises perdurent.
Les Petites victoires raconte le quotidien d'un père dont l'unique enfant est autiste. L'autisme est une bulle, il faut apprendre à y entrer pour mieux s'en imprégner et ainsi apprendre à mieux le connaître. Ces bulles, Yvon Roy les raconte dans un roman graphique criant de vérité. Le lecteur sent une émotion différente à chaque page. On sent que l'auteur refuse l'empathie, alors il faut prendre Les Petites victoires pour ce qu'il est, un témoignage formidable d'un père plein d'amour pour son petit garçon, et qui a su transformer en réussites les défaites annoncées à l'annonce du diagnostique.
Ed. Rue de Sèvres, mai 2017, 160 pages, 17€