Et si le monde retournait à l'âge de pierre, enfin le monde sans électricité, sans ordinateur, sans tout ce qui fait que nous sommes connectés ?
La civilisation se meurt ou plutôt se réorganise depuis que les IAs - entendez par là les Intelligences Artificielles - ont décidé d'être autonomes. Nous ne sommes pas dans un scénario type Terminator, car les recherches scientifiques pensent qu'une intelligence humaine est derrière ce processus, et que cet homme (ou cette femme) se cache au fin fond de l'Afrique.
James Graham Keran est un vétéran de l'armée. A cause d'une bourde des IAs utilisées sur le front, il a perdu ses hommes et un œil. Depuis, il préfère rester loin des ordinateurs et de la cybernétique, ce qui lui a valu sa rupture avec la femme de sa vie, une programmatrice. Contacté par les services secrets, il doit enquêter en solitaire sur le projet C.H.U.R.C.H responsable, selon les sources, de l'apocalypse en marche.
Pour rejoindre la source, James doit remonter le fleuve, ce qui nous vaut quelques pages hallucinées qui nous font agréablement penser à Au Cœur des Ténèbres de Joseph Conrad. Les déserteurs de la ville légendaire deviennent fous, vouant un culte étrange à l'intelligence artificielle... Mais James n'est pas au bout de ses surprises quand, arrivé sur les lieux, il rencontre enfin Allan Trickster, gourou d'une drôle de communauté, un vrai Kurtz en puissance...
Le Lendemain du monde est une BD assez mystique jouant beaucoup sur les ambiances, les ellipses et les illustrations pour faire travailler l'imagination du lecteur. En partant du postulat que deux mondes s'affronteront désormais - celui des hommes et celui de l'intelligence artificielle -, il ébauche une réflexion sur la place et la responsabilité de chacun dans les événements survenus.
Parfois, on flirte avec le fantastique (un iguane en Afrique est impossible), l'onirique et la science-fiction.
Enfin, la qualité du scénario et des illustrations permettent au lecteur de passer un vrai bon moment de lecture, original et rempli de surprises.
Ed. Casterman, juin 2017, 148 pages, 22.50 €