mardi 10 janvier 2017

REGARDS CROISES (27) Westworld

Regards croisés

Un livre, une série, deux lectures. En collaboration avec Christine Bini 


Trop en dire serait gâcher le plaisir...



Westworld, HBO saison 1, 10 épisodes, USA, de Jonathan Nolan et Lisa Joy.

Ça commence fort, du sexe, de la violence et du sang. La série annoncée comme celle qui détrônera Game Of Thrones utilise au départ les mêmes ficelles pour attirer le chaland, même si nous sommes dans un univers radicalement différent.
Car Westworld est le Disneyland du futur pour milliardaires en mal de sensations. En échange de quelques milliers de dollars, à vous la vraie vie dans le Far West reconstitué avec des personnages plus vrais que nature. Là, aucune règle : vous pouvez tuer, plonger dans la luxure, trahir, sans que jamais vous ne soyez en danger de mort. En plus, vous n'êtes entourés que d'androïdes (hôtes) qui vous ressemblent tellement qu'il est vain au premier regard de savoir qu'ils sont de "faux-humain".

Ce parc hors norme est le rêve de deux savants (fous ?) dont l'un est devenu le directeur inamovible, le Dr Robert Ford (Anthony Hopkins) et l'autre, un certain Harold, disparu dans des circonstances étranges. Ils ont pensé, créé, et modifié les scénarii proposés aux invités en fonction des préférences du moment. Mais, au fil des épisodes ou boucles narratives, le spectateur découvre que Ford est peut-être à l'origine des bugs survenus dans les comportements des hôtes. A force d'effacer la mémoire des machines, celles-ci voient leurs comportements modifiés, peuplés de rêves, des souvenirs enfouis au plus profond de leur mémoire virtuelle.

La série, ronronnante au départ, ne commence véritablement qu'à l'épisode 5. L'Homme en noir (Ed
Harris), qu'on pourrait comparer à un autre Homme en noir célèbre - celui de la Tour Sombre de Stephen King - donne de la dimension à l'ensemble. On sait que c'est un invité, un habitué même du parc, et qu'il est à la recherche d'un point stratégique. Le parc est un labyrinthe et son centre la réponse à tout. Trouver le centre est sa quête.

Dès lors, Westworld prend une dimension métaphysique : la répétition des événements symbolisée par la carte perforée du piano mécanique du saloon se dérègle. Plus l'Homme en noir avance dans le scénario  qu'il s'est lui-même construit, plus les hôtes se "rebellent" et accèdent à une certaine forme de conscience. Dolores Abernathy (Evan Rachel Wood) quitte les sentiers qui lui sont dédiés pour enfin accéder au "vrai monde" au delà des eaux du fleuve. Elle sent de plus en plus distinctement que son monde n'est pas réel.

Pour des robots, accéder à la conscience est dangereux car ils deviennent humains et justement leurs concepteurs ne peuvent plus les manipuler comme ils veulent. Dans leur bunker aseptisé situé dans les entrailles du parc, les ingénieurs tentent de comprendre ce qui se passe vraiment.


Des notions comme vie, existence, conscience, souvenir, réalité, prennent tout leur sens dans cette série de science-fiction, servie par des personnages complexes à souhait et un scénario en béton construit sur plusieurs temporalités.

Westworld est inspiré d'un film de Michael Crichton de 1973, Mondwest avec Yul Brunner

La saison 2 est prévue en 2018

Pour visionner la bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=o5OHta3OFR0