Et si l'avenir était un dôme?
On dit que la littérature américaine a inventé un nouveau genre, le cli-fi, inspiré des catastrophes environnementales. Or, en jeunesse, cela fait longtemps que la littérature adolescente surfe sur le thème. Alors, on navigue entre science-fiction et dystopie, le tout sur fond de catastrophe humanitaire.
Eutopia remplit donc les caractéristqiues de ce genre. Rien de bien neuf à l'horizon, sauf bien sûr l'invention d'une vision futuriste de la société contrainte et forcée d'évoluer pour survivre.
Eutopia est donc un immense dôme où vivent quelques 1300 personnes qui, au bout d'une vie d'homme, subissent dix semaines de matrice incubatrice avec "transfert corporel", pour recommencer une nouvelle vie sans souvenir réel. Hors de la bulle, c'est un désert dardé par des rayons du soleil ravageurs car la couche d'ozone n'existe plus. Au loin, on devine les anciennes traces de civilisation et de l'océan:
"Juste sous le soleil, s'étirait une vaste étendue noire, dont les limites se perdaient dans le brouillard de poussières. Cette mer morte, sans vagues, recouverte de bitume mat, visqueux et malodorant, était tout ce qui restait du bel océan Atlantique."
Orian est un de ces élus d'Eutopia. Alors que les autres ne se posent pas de questions existentielles, lui se demande véritablement si sa vie a un sens. Pour se nourrir, les habitants exploitent des créatures, les hommesGM, qui, à l'extérieur, cultivent le bléGM pour les Eutopiens. Il suffit que cinq d'entre eux se retrouvent dans la bulle et qu'une certaine Wouane survive pour que la destinée bien tracée d'Orian soit chamboulée.
Donc, il décide de suivre sa nouvelle amie à l'extérieur du dôme pour voir de ses propres yeux ce qui se passe. Au fil des jours, ses idées, ses désirs, ses récits légendaires racontés oralement au pied de ce qui fut jadis la Statue de la Liberté, font de lui le leader, celui que les hommes GM attendaient pour enfin sortir de leur condition d'esclave et atteindre eux aussi Eutopia. Orian accepte, mais rallier la cité n'est pas facile et toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre...
Eutopia se lit vite mais est très prévisible. On sent que l'auteur s'est nourri de sa culture du genre pour construire son récit. Rien de bien original donc, et la narration pâtit souvent d'un manque de rigueur formel, et d'étonnantes ellipses narratives qui emmènent le lecteur vers la fin en moins de vingt pages, alors que la mise en attente s'avère extrêmement longue.
On sort de cette lecture avec une impression de déjà lu, et on reste sur sa faim.
A partir de 12 ans.