mardi 1 juillet 2014

Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer

Ed. Point Seuil, traduit de l'anglais (USA) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, août 2007, 460 pages, 8.1 euros

Extrêmement saisissant et incroyablement insolite!


Oskar a neuf ans et il est intellectuellement très précoce. Il vit dans le quartier chic de l'Upper East Side entre une mère avocate, une grand mère aimante et un père bijoutier absent....trop absent car disparu dans l'effondrement d'une des deux tours jumelles.
Parmi ses "trucs qui lui sont arrivés", la découverte d'une clé dans le dressing de son père va le mener aux quatre coins de New York à la recherche de la serrure. Et si cette clé était la clé de tout? Celle qui permettrait de savoir comment est mort son père, pourquoi son grand père a disparu lui aussi, ou tout simplement celle qui lui ferait admette l'indicible?
Tel un leitmotiv, Oskar croit que son père est celui qui s'est jeté dans le vide, et dont les images ont tant choqué le pays...Le petit garçon va rencontrer des personnages incongrus parfois, attachants toujours, miroirs des douleurs humaines de l'après 11 septembre.
Car on sent bien dans cette lecture que la vie s'est arrêtée un lundi matin et que depuis, les choses ne sont plus les mêmes...
En optant pour un narrateur enfant, l'auteur réussit à trouver les mots justes et amplifie l'aspect sentimental de la quête. Le caractère insolite de la structure littéraire en fait une œuvre brillante, tout en originalité, et donne l'impression au lecteur de parcourir les rues new yorkaises aux côtés d'Oskar. Tout comme Romain Gary dans La vie devant soi, c'est un hymne à la poésie de l'enfance.
 Et parce qu'un enfant ne ressent pas les drames de la même façon que les adultes, les approches des gens et de la vie seront différentes. Dès lors le "Hein! quoi, qu'est-ce?" récurrent trouvera quantité de réponses au fil des pages. Finalement, un grand roman d'apprentissage en quelque sorte, à lire, à transmettre, et à conserver dans sa bibliothèque.