jeudi 20 février 2014

Le mauvais, Yoshida Shuichi

Ed. Philippe Picquier, traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary, octobre 2010, 384 pages, 19.8 euros
 

Qui est qui? 

 
Une jeune fille meurt étranglée au bord d'une route de montagne. Les parents sont anéantis, les collègues de travail sont étonnés, quant au petit ami, personne ne le connaît vraiment. En effet, la victime, Yoshino Ishibashi était une énigme. Au fil de la lecture, on se rend compte qu'elle était une fille superficielle, comptant beaucoup sur le paraître, et surtout adepte des clubs de rencontre via SMS. Alors qu'elle faisait croire à ses colocataires qu'elle fréquentait un play boy local, un certain Masuo, elle donnait rendez vous via son téléphone à Yuichi, jeune homme bourru et solitaire, peu expansif dont le meilleur ami n'hésite pas à dire de lui: "il est comme un ballon qu'on aurait laissé sur un terrain de sport: les enfants l'utilisent le jour, puis le soir venu, il roule jusqu'à la barre fixe."
Qui a donc tué Yoshino? Masuo a disparu depuis le meurtre, si bien que les soupçons se portent naturellement sur lui. Et, alors que Yuichi apparaît, dans un premier temps, incapable de violence, le narrateur omniscient s'attarde sur son vécu et sa vie actuelle pour en faire un mis en examen potentiel.
La force de ce polar vient du fait que personne n'est innocent . Tout le monde a quelque chose à cacher, et porte en soi une violence contenue. De la disparition de la jeune fille, le meurtrier pense que c'était la seule solution: "il craignait que la vérité ne meure s'il ne tuait pas le mensonge au plus vite.
Mais qui est "il"? Quelle est cette vérité? Enfin, de quel mensonge parle-t-on?
Admirablement construit, ce roman peine au début par quelques descriptions longues et secondaires. Néanmoins, ces dernières sont vite effacées au profit d'un suspens implacable, servi par des personnages aux personnalités contrariées dont les expériences vécues ne font qu'altérer leur sens des réalités.
Il n'y a pas que les polars nordiques, il y a aussi les polars asiatiques; bienvenue!