jeudi 23 janvier 2014

Les portes de l'interdit, Franck Tallis

Ed.10/18, collection Grands Détectives, janvier 2013, 381 pages, 10.2 euros

Polar fantastique: la vie après la mort?


La couverture attire l'œil, la quatrième attise la curiosité, le titre suggère "le côté sulfureux" de l'intrigue....
Le 19ème siècle, ce n'est pas que la révolution industrielle, c'est aussi les progrès notables en médecine notamment en neurologie et en psychiatrie. Le Dr Charcot fit de l'hôpital de la Salpêtrière, autrefois hospice délabré, un hôpital "en voie de devenir une école neurologique de renom international."
La folie, le, mythe des Enfers, la possession, sont des sujets qui attirent bon nombre de lecteurs. Ici, l'auteur a pris les quatre thèmes et les a mélangés dans un immense "shaker à histoires"! En est ressortie une intrigue assez rocambolesque dont le héros, le docteur Paul Clément, est à la fois, chercheur, victime et sauveur...
Chez les Clément, on est médecin de père en fils, car "lui seul est capable de persuader la Mort de remettre sa venue à plus tard; lui seul possède ce pouvoir." Témoin d'une scène assez traumatisante de zombi sur une île des Caraïbes, Paul décide de ses consacrer à la conscience et notamment à la possibilité de celle-ci de perdurer chez les morts vivants.
Formé par le professeur Duchenne (qui a réellement existé), puis employé auprès du Dr Charcot, il continue ses recherches, mais voulant apporter la preuve de la possible existence de Dieu après la mort, et ainsi corroborer certains témoignages post-traumatiques, il décide de mourir trois quatre minutes avant que son collègue le réanime aux palettes électriques.
L'idée est belle, courageuse, hélas, son voyage post-mortem ne lui montre pas le Paradis mais lui ouvre les portes de l'Enfer. En revenant à lui, il ne sait pas qu'il a emmené un invité impromptu à ses côtés....
"Je ne vis pas une réplique de moi-même, mais un démon, une créature hideuse, lubrique, affichant un sourire mauvais, le bras levé haut, terminé par des griffes mortelles".
La lutte entre le Bien et le Mal commence.

Ce roman se lit jusqu'au bout même si il y a un amalgame de tout: état vampirique, possession, exorcisme, hystérie psychiatrique. Bref, le lecteur s'y mêle les pinceaux. De plus, on se heurte souvent à une prose hachée, qui passe du coq à l'âne sans raison apparente, ainsi qu'à des ellipses nombreuses et variées qui handicapent "la colonne vertébrale" de l'ensemble. Divisé en trois parties, "damnation, possédé, rédemption", le lecteur suit le parcours chaotique du Dr Paul Clément. Or, la dernière partie est de trop et ne fait que réitérer la volonté du succube de l'emporter sur les hommes.
On retiendra de ce livre la volonté d'une frontière floue entre le scientifique et le sacré, et une étude fort intéressante de l'Eglise Saint-Sulpice et des gargouilles de Notre Dame de Paris.