Le café tue!
"Une femme qui ne lui donnait pas d'enfants était pour lui une présence aussi superflue qu'un bibelot."
Lui, c'est la victime Yoshitaka Mashiba. Bel homme aux multiples conquêtes, marié depuis un an, sa maîtresse le retrouve mort dans son salon. Aucune trace de coups, aucune trace de vol. Très vite, les légistes apprennent aux inspecteurs Kaoru Utsumi et Kusanagi que la cause du décès est due à l'arsenic.
La police métropolitaine de Tokyo décide d'orienter leur enquête vers l'épouse du défunt, Ayané Mashiba. En effet, cette dernière absente à l'heure des faits, semble pour le moins étrangement calme.
Toujours disponible, d'humeur égale, elle va jusqu'à protéger sa collègue de travail et maîtresse de son mari, une certaine Hiromi.
L'enquête avance à petits pas. On apprend que l'arsenic a été versé dans le café; ne reste plus qu'à trouver qui en est l'auteur. Seule la connaissance poussée de la personnalité de la victime permettra de nommer ses ennemis potentiels.
Keigo Higashino est un maître du polar statique. Tout se passe dans les attitudes, les haussements de sourcils, les descriptions des sentiments. Les rebondissements sont décrits avec un style tellement linéaires qu'ils en perdent leur statut de rebondissement!
Dans ce récit, c'est l'ami scientifique des inspecteurs, Yokawa, qui se détache du lot. Comme beaucoup de japonais, c'est un amoureux du café. Possédant une imagination fertile, et doué pour l'analyse, il n'hésite pas à orienter comme il faut l'enquête.
Les personnages de Hiromi (la maîtresse) et de Ayané (l'épouse) sont troublants. A la fois consciente et asservie par la personnalité complexe de ce Yoshitaka à la recherche de femmes solitaires dans le seul but d'assurer sa descendance...
A défaut d'être emporté par le rythme, le lecteur appréciera les analyses intrinsèques des statuts de criminels, victimes et policiers faites par l'inspecteur Kusanagi. En effet, selon lui, les criminels sont:
"des êtres détachés de la vie, presque clairvoyants. Mais ils partageaient un autre caractère, celle de vivre à deux doigts de la transgression, comme si une simple feuille de papier était tout ce qui les séparait de sa folie."
Un polar curieux, bien ficelé, et quelque peu déroutant.