Si Rimbaud m'était conté...
Quand
on a des parents littéraires, on risque de porter un prénom étrange!
C'est le cas d'Oxymor Baulay, qui passe son temps à expliquer aux gens
pourquoi il porte ce prénom bizarre... Oxymor, donc, est journaliste.
Lors d'un reportage en immersion chez les SDF, il se voit confier contre
des cigarettes un bien étrange manuscrit. En effet, tout comme Pérec
avait écrit "La Disparition" en bannissant la lettre A, l'auteur de cet
étrange récit a banni le Y en le remplaçant par des I, ainsi que
l'auxiliaire ETRE. Après lecture, Oxymor, en fin limier, sait que ce
livre aura un succès fulgurant en librairie, mais surtout le texte lui
procure un étrange malaise, car "le texte oscille entre ombre et
lumière, parfois plat comme une crêpe, parfois flamboyant." Sans
hésitation, il pense que l'histoire contient "un soupçon de Céline, une
once de Lautréamont, un zeste du Code Civil cher à Stendhal." Ce qui est
le plus grave, c'est qu'Oxymor pense que le texte ne fait que relater
des meurtres qui se sont véritablement passés en 1979!
Aidé d'un commissaire à la retraite, d'une maîtresse fantasque, et d'un
trio d'Oulipiens allumés, Oxymor décortique le roman et se rend compte
que le célèbre poème de Rimbaud "Voyelles" est au centre de l'énigme.
Jamais ennuyeux, souvent captivant, je me suis plongée avec délices dans
cette enquête littéraire où le héros manie la langue française avec
panache sans pour autant être "lourd", ainsi que les figures de style et
de rhétorique. Ainsi, on redécouvre l'oxymore et ses compagnes, suivis à
chaque fois d'un exemple bien concret pour permettre au lecteur de ne
pas se sentir perdu. Le mieux, c'est que l'intrigue tient très bien la
route.L''enquête vire à l'explication Rimbaldienne, tout en gardant les
ingrédients nécessaires au bon polar: des indices, des meurtres, des
policiers qui ralentissent l'enquête, des personnages secondaires
douteux... Bref, tout y est,pour la plus grande joie des littéraires!