lundi 16 décembre 2013

Madame Angeloso, François Vallejo

Ed. Viviane Hamy, collection Bis, avril 2008, 218 pages, 7.2 euros

"On ne voit jamais ce qu'on voit"


Madame Angeloso est de ces personnages énigmatiques et envoûtants qui reste longtemps dans les mémoires, au point de hanter ceux qui l'ont côtoyée de près.
A la nouvelle de sa mort dans un stupide accident de voiture (suicide?), trois personnages, son fils, un ami, une "filleule", évoquent cette propriétaire d'hôtel très enveloppée, toujours souriante et aux petits soins pour ses clients, mais qui cachait un lourd secret.
La prouesse de l'auteur est qu'il a su adapter son style en fonction du personnage qui prend la parole. Ainsi lorsqu'Angelino évoque sa mère, le lecteur ressent tout de suite le caractère haineux, versatile et pourtant fragile de ce fils mal aimé. Par contre lorsque le client transi Coquemar prend la parole, Madame Angeloso devient une sainte noyée par la vie.
Mais c'est la jeune polonaise qu'elle a recueilli qui l'évoquera le mieux....
Incapable de faire face, hantée par une possible vengeance de celui qui fut son époux, Madame Angeloso va fuir pendant quinze ans à travers les routes du Nord de la France, laissant derrière elle un grand vide et une incompréhension totale.
Ce roman est celui des sentiments contradictoires. Ainsi, une seule est même personne peut à la fois suscitée la haine et l'amour, la compassion et la rancœur.Toute la panoplie des des sentiments humains y est décrite avec justesse et avec beaucoup de finesse, ce qui rend le récit crédible.
Dès lors, ce qui devait être qu'un simple témoignage sur une personne disparue, devient une analyse pertinente sur la psychologie de nos semblables.