Ed. Gallimard, collection folio, juin 2012, 416 pages, 7.7 euros
Pendant
416 pages, le lecteur suit la lente et inexorable déliquescence d’un
couple, incapable de se séparer, et tentant de trouver dans l’échangisme
l’étincelle d’un nouveau départ…
Eva et Pieter ont tenté en vain, pendant
des années, à devenir parents. Après la naissance mort-née de leur
petite fille, ils n’ont pas su se parler ni tourner la page. Même la
thérapie de couple ne résout rien.
« Ce matin-là, ma famille est morte.
En l’espace d’un soupir. Nos espoirs, notre amour, notre confiance dans
l’avenir, tout a disparu avec l’enfant qui représentait notre futur ».
Incapables de mettre un terme à leurs
projets passés, ils s’installent quand même dans leur nouvelle maison,
fantôme d’un bonheur à jamais perdu.
Très vite, les voisins, Steef et
Rebecca, parents d’un petit Sem, font partie de leur quotidien.
D’apéritifs en barbecues récurrents, l’intimité s’installe, les
confidences se font. Or, un soir où l’alcool coule à flot, l’amitié
dérape et Pieter devient le témoin (passif) d’une scène échangiste entre
Eva, Rebecca et Steef.
Pieter, par amour, va accepter la
déviance. Son épouse semble aller mieux. Mais surtout, la curiosité
prend le dessus et les ronge :
« Nous sommes déjà contaminés par une curiosité insatiable, par un désir dévastateur ».
Eva qui se croyait morte à la maternité et à la sexualité épanouie, « revit » :
« Je craignais d’être frigide.
L’exhibition répétée de mon entrecuisse, le spéculum, les injections de
sperme, les ponctions douloureuses, l’amour sans désir, les examens
avaient chassé toute vie de mon bas ventre ».
Désormais, elle considère son voisin comme un géniteur potentiel…
Seulement quelle est la place de la jalousie dans les pratiques échangistes ?
Des scènes chaudes « « en veux-tu en
voilà », des références musicales bien précises pour une situation
donnée ne sauvent pas l’ensemble du naufrage. L’idée de départ est
intéressante, mais l’auteur a privilégié les descriptions scabreuses
inutiles à l’analyse psychologique de ce couple en train de se consumer.
Certes, lorsqu’on parle d’échangisme, il est difficile de ne pas passer
par la case « action », sauf que le voyeurisme tue le voyeurisme, et en
l’occurrence, dans ce roman, cela tue l’intrigue (dont l’épilogue, soit
dit en passant est connu dès les premières lignes).
Quant au style, rien de bien travaillé, avec parfois un humour assez douteux :
« Steef se rend au champ de tir et
il me propose de l’accompagner. Mais bien sûr ! On baise tous ensemble,
après on tire. C’est fait pour ça les copains ».(!!). Quête
du bonheur, lâcheté, compromis, amour, autant de thèmes abordés mais
laissés « au bord de la route », l’auteur ayant privilégié le
superficiel à l’analyse de fond. Seul le personnage de Pieter est
finalement attachant, embarqué malgré lui dans cette histoire, il reste
lucide quant à la possibilité qu’elle sauve son couple.
Rien n’est abouti, on flirte avec le sordide, dommage