vendredi 27 décembre 2013

Découvrir José Saramago (2 et 3) Tous les noms/L'aveuglement

Ed. Points Seuil, février 2001, 271 pages, 7.2 euros

Histoire d'une idée fixe

 

Monsieur José est un homme discipliné; fonctionnaire à l'état civil, le mot loisir lui est inconnu. Sa seule préoccupation est le travail bien fait. Mais Monsieur José a quand même un petit vice: il collectionne les fiches d'état civil des personnes célèbres de son pays. C'est lors de ses recherches qu'il tombe par hasard sur la fiche d'une femme inconnue. Dès lors, cet incident le plonge dans l'aventure et l'inconnu. Sa vie bien rangée déraille car il prend des libertés avec sa hiérarchie, s'autorise à mentir aux peu de personnes qu'il côtoie pour arriver à ses fins: retrouver cette mystérieuse inconnue.
Comme d'habitude, Saramago à trouver un sujet aux confins de l'absurde pour dénoncer la stupidité et le jusqu'au boutisme de l'administration. D'un point de vue humain, il démontre qu'un événement quelconque peut perturber gravement la vie de celui qui n'a pas de vie à proprement parler sauf celle de la routine quotidienne, et le sortir de sa solitude.
Celui qui n'a jamais lu Saramago sera un peu déconcerté par son style unique (très peu de point, passage du style direct à l'indirect sans aller à la ligne) mais ce style bien particulier donne un souffle à l'oeuvre et un semblant de vie au protagoniste.
Ce n'est pas le premier Saramago à lire (l'aveuglement du même auteur est encore mieux) mais il mérite une attention particulière.


Ed. Points Seuil, mars 2000, 366 pages, 7.6 euros

Vers la rédemption

 

Au prime abord, le style est déroutant: très dense, ponctuation réduite au minimum, passage du style indirect au style direct simplement signifié par une virgule....mais bizarrement, le lecteur s'adapte vite. On se rend compte que ce style est au service du contenu: intense. Dans cette histoire, l'aveuglement de la population est à la fois un châtiment , mais aussi une rédemption. Un peu comme dans "la route" de Mac Carthy, on se rend vite compte que l'Humanité perd ses marques lorsqu'elle est confrontée à l'instinct de survie. Mais finalement, ce livre pose la question essentielle: ne faut-il pas mieux être aveugle dans un monde devenu fou, plutôt que voir l’indicible? Bref, un très beau livre.