Se souvenir et comprendre.
Hiromi Kawakami est entre autre l'auteure des "années douces" adaptée en manga.
Manazuru
est un petit village côtier que Kei, la narratrice, rejoint par le
train depuis Tokyo. Ce train, c'est "un contenant qui transporte mon
corps du rêve dans le monde du réel et dans l'autre sens, du monde des
vivants dans l'au delà", est-elle persuadée. En effet, Kei, maman d'une
ado de seize ans, vit désormais avec elle et sa mère depuis que son
mari, Rei, tant aimé, a disparu du jour au lendemain treize ans plus
tôt. Sans s'expliquer la raison, Manazuru l'attire et lui apporte les
réponses qu'elle se pose sur l'absence.
Certes, elle entretient une relation avec Seiji, son éditeur, mais ce dernier sent bien qu'elle n'a pas encore fait le deuil de son époux.
A Manazuru, Kei est accompagnée d'une femme, une ombre seulement visible par elle, parfois ténue, parfois brillante, qui la met sur la piste de la vérité. Qu'est devenu Rei? Est-il parti avec une autre femme? A-t-il sombré avec le bateau qui le transportait? Toujours est-il que Kei est "toujours prisonnière de lui". Elle dit: "mon mari n'est pas "quelqu'un qui n'est pas", il est celui "qui n'est pas encore là".
Dès lors, la frontière entre le réel et le fantasmé devient bien mince. Parfois, la narratrice ne sait plus si ce qu'elle voit ou vit est de l'ordre du réel ou du rêve. De plus, elle ne peut se confier à personne: sa fille est "renfrognée" à cause de l'adolescence, sa mère a toujours détesté son gendre, et Seiji est jaloux...
Au fur et à mesure s'inscrit en filigrane une possibilité que Kei refuse de tout son être: l'amour qu'elle portait à son mari n'était-il pas étouffant? Plusieurs souvenirs réapparaissent et cautionnent cette piste. Or, la narratrice rejette cela de toutes ses forces: "la relation physique et la proximité sont deux choses différentes. Ce qui ne veut pas dire qu'on soit loin l'un de l'autre pour autant"...
Inconsolable malgré le temps écoulé, coincée "entre Rei qui est présent sans être là, et Seiji qui est là tout en étant absent", le village de Manazuru lui apporte calme et réflexion. Écrivain de profession, elle désire écrire sur son son étrange expérience...
"Le récit est censé être limpide et innocent, pourtant on ne voit pas où il mène. Et dans l'ombre de certains passages, on découvre quelque chose!" déclare Seiji à la lecture du manuscrit de Kei. C'est exactement ce qu'on ressent à la lecture de ce roman, beau, bien écrit, "étrange et pénétrant" à la fois, et qui propulse Hiromi Kawakami en experte de l'expression des sentiments.
Certes, elle entretient une relation avec Seiji, son éditeur, mais ce dernier sent bien qu'elle n'a pas encore fait le deuil de son époux.
A Manazuru, Kei est accompagnée d'une femme, une ombre seulement visible par elle, parfois ténue, parfois brillante, qui la met sur la piste de la vérité. Qu'est devenu Rei? Est-il parti avec une autre femme? A-t-il sombré avec le bateau qui le transportait? Toujours est-il que Kei est "toujours prisonnière de lui". Elle dit: "mon mari n'est pas "quelqu'un qui n'est pas", il est celui "qui n'est pas encore là".
Dès lors, la frontière entre le réel et le fantasmé devient bien mince. Parfois, la narratrice ne sait plus si ce qu'elle voit ou vit est de l'ordre du réel ou du rêve. De plus, elle ne peut se confier à personne: sa fille est "renfrognée" à cause de l'adolescence, sa mère a toujours détesté son gendre, et Seiji est jaloux...
Au fur et à mesure s'inscrit en filigrane une possibilité que Kei refuse de tout son être: l'amour qu'elle portait à son mari n'était-il pas étouffant? Plusieurs souvenirs réapparaissent et cautionnent cette piste. Or, la narratrice rejette cela de toutes ses forces: "la relation physique et la proximité sont deux choses différentes. Ce qui ne veut pas dire qu'on soit loin l'un de l'autre pour autant"...
Inconsolable malgré le temps écoulé, coincée "entre Rei qui est présent sans être là, et Seiji qui est là tout en étant absent", le village de Manazuru lui apporte calme et réflexion. Écrivain de profession, elle désire écrire sur son son étrange expérience...
"Le récit est censé être limpide et innocent, pourtant on ne voit pas où il mène. Et dans l'ombre de certains passages, on découvre quelque chose!" déclare Seiji à la lecture du manuscrit de Kei. C'est exactement ce qu'on ressent à la lecture de ce roman, beau, bien écrit, "étrange et pénétrant" à la fois, et qui propulse Hiromi Kawakami en experte de l'expression des sentiments.