Ed. 10/18, traduit de l'anglais (USA) par Laurence Viallet, août 2010, 349 pages, 8.1 euros
"Finalement? Rien ne finit. Rien ne finit jamais"
Prix Pulitzer
Quand
on est jeune, américain, nourri de Science-Fiction et gros,
qu'attend-on de la vie? La même chose que ses camarades, sauf que
l'obésité devient un fardeau surtout lorsqu'elle est agrémentée
d'origines dominicaines...Oscar aimerait être comme les autres, mais son
physique à la "Jabba the Hutt" a fait de lui un individu à part, vivant
dans sa propre galaxie, dialoguant comme dans une série de Science
Fiction, un rien décalé en fait. Mais bon, son physique n'est pas
responsable de tout, car sa famille a le mauvais oeil, le fuku, qui fait
que rien ne se passe comme prévu, surtout lorsqu'il s'agit d'être
heureux! Oscar est au centre du récit sans pour autant prendre la parole
et donner son point de vue. Ce sont sa sœur Lola et son ami Yunior qui
s'y collent. Ils nous font découvrir un personnage captivant, une bible
vivante de la littérature fantastique, mais profondément frustré par son
absence de copine, et fataliste à cause de la malédiction accablant sa
famille. Justement cette famille, originaire de République Dominicaine a
immigré en Amérique depuis que le grand père osa défier Trujillo, le
dictateur fou de l'île.En racontant l'histoire de ces gens "bruts de
décoffrage", le lecteur s'enfonce dans la grande histoire de cette île
dirigée par un homme sans foi ni loi. Rien n'est laissé au hasard,
chaque anecdote est pleine de sens. Lorsqu'un personnage rencontre
l'homme sans visage ou la mangouste, ce n'est pas rien...En mélangeant
le langage parlé, les expressions hispaniques et les références
littéraires, le tout "saupoudré" de nota bene aussi délicieux que le
reste, vous obtenez un ensemble d'une très grande richesse avec des
personnages hauts en couleurs. La grande Histoire se mêle à la petite
sans pour autant devenir pesante. Certes, il faut quelques pages pour
s'habituer au style de l'auteur, mais en osant cette écriture unique, on
lit ce roman comme si on regardait un "road movie". Pari littéraire
gagné pour ma plus grande joie.