vendredi 8 novembre 2013

Guide du loser amoureux, Junot Diaz

Ed. Plon, collection Feux Croisés, août 2013, 204 pages, 19 euros

Répétitif


Ecrire un recueil de nouvelles suppose un thème commun fédérateur, c'est pourquoi, les neuf récits proposés dans Le guide du loser amoureux, sont autant de variations sur la relation amoureuse associée à la condition d'immigré.
Junot Diaz est d'origine dominicaine, d'où la facilité déconcertante avec laquelle il écrit sur cette communauté qui a émigrée aux Etats Unis. Ainsi, il met en scène un personnage récurrent, un certain Yunior, assez timide au début, totalement occulté par un grand frère play-boy, Rafa, mais atteint d'une grave maladie, et couvé par une mère envahissante.
Que ce soit les amours de Yunior ou celles de Rafa, toutes ont un point commun: elles ne durent pas! L'un est romantique et tente d'effacer par la musculation un physique ingrat, l'autre consomme l'amour comme on consomme une bonne bière, "prenant la tangente" au fur et à mesure de l'aggravation de sa maladie. Parfois c'est Yunior qui se fait narrateur; il n'hésite pas interpeler ses personnages par un "tu" à la fois fraternel et inquisiteur d'où ressort souvent une pointe de regret, du genre "si j'avais su..."
Souvent, les nouvelles se font écho. Chacune, à sa façon, témoigne de la difficulté d'exprimer ses sentiments à l'autre. Aimer n'est pas une mince affaire:
"Je t'ai dévisagée, tu m'as dévisagé et à cet instant précis, ça a ressemblé à quelque chose comme de l'amour, non?"
Toujours est-il que ce sentiment, s'il existe, est fugace, éphémère, trop souvent abîmé par des considérations extérieures telles la famille, les coutumes du pays, l'infidélité:

Néanmoins, ces neuf nouvelles n'apportent rien de nouveau à la réflexion sur le thème. On lit ces histoires avec un sentiment de frustration. L'auteur n'a pas trouvé le bon tempo, ni sûrement le bon angle d'attaque pour faire de ses récits des pépites d'originalité. L'ensemble est tiède et comble du genre, l'art de la chute, pourtant si important dans une nouvelle, est inexistant.
Finalement, on sort de cette lecture sans avoir eu l'impression de lire un ouvrage exceptionnel.
"Tu as murmuré mon nom complet, on s'est endormis enlacé et je me souviens que le lendemain tu étais partie, partie pour de bon, et qu'il ne restait, ni dans mon lit ni dans la maison aucune trace de ton passage."