Ed. Pocket, décembre 2012, 157 pages, 6.1 euros
Bienvenue chez les "bigger than life"
Roman
certes mais "roman éclaté" selon la volonté de Léonora Miano, divisé en
huit nouvelles, permettant ainsi de ne pas mettre en avant de
personnages principaux. Les dix personnages évoluant ont tous leur
importance.
tome 1 d'une future trilogie...
Quelle
est le point commun des "Bigger than life", petit groupe d'amies
parisiennes? Eh bien, elles sont noires, d'origine "subsaharienne"
(néologisme cher à l'auteur),et elles refusent de choisir entre le poids
des traditions et leur vie en France. Parfaitement intégrées,
indépendantes, elles s'écartent de l'image traditionnelle de la femme
africaine, "le poteau mitan", c'est à dire le poteau, le point d'ancrage
de la maisonnée. Akasha, Amahoro, Estelle, MalaÏka et Shane vivent
leurs amours comme elles l'entendent, sans subir les pressions qu'ont
subit autrefois leurs parents respectifs. Mais elles traversent aussi
une quête identitaire...La séance chez le coiffeur devient une séance
politique pour savoir si oui ou non il faut garder les cheveux crépus,
l'élection de "brother B" (on comprendra Obama) est une bonne chose,
surtout pour les blancs, si cela peut les aider à déculpabiliser du
reste...Sur un ton léger, Léonora Miano, sans en avoir l'air, assène
quelques vérités et se moque des idées reçues sur la jeunesse française
d'origine africaine. Certes, le lecteur sourit en lisant les
retranscriptions de conversations téléphoniques dans une langue
improbable faite d'un mélange de camerounais, de français et d'anglais,
ou en accompagnant les incertitudes de Michel sur sa sexualité après que
sa partenaire lui est (soi disant) fait une caresse osée dans un moment
de plénitude sexuelle, mais rien n'est évoqué au hasard. Ce roman
éclaté, sans personnages centraux, démontre que la communauté noire
n'existe pas, qu'il existe des rivalités (entre subsahariens et
caribéens), mais surtout, que cette jeunesse refuse de choisir. La
tradition gastronomique reste, parfois c'est même le seul lien les
unissant à leur passé, mais leur vie est à Paris, et non sur le
Continent, dont ils ne connaissent pas grand chose d'ailleurs. Les
interludes musicaux sont autant de preuves de cette volonté de se sentir
Afropéens.Enfin, je trouve que ce roman possède quelques résonances
fortes avec la BD "Aya de Yopougon" qui raconte la vie et les amours de
jeunes ivoiriens. Léonora Miano a écrit un roman de société attachant
et drôle, dont les personnages méritent d'évoluer dans les deux
prochains opus prévus. A suivre...