" Nuit, ne me surprends pas ici."
Ce désormais classique de Stephen King a la particularité d'être le préféré de son auteur. Dans la préface et une note de postface, il en explique les causes et surtout, les sources d'inspiration.
Salem, c'est en fait Jerusalem's Lot, petite ville du Maine qui doit son nom non pas à un illuminé biblique, mais à à la truie d'un certain Tanner qui, en 1785, s'est sauvée sans la forêt, et est devenue, bien malgré elle, une légende urbaine pour faire peur aux petits enfants...Mais, depuis sa création, Salem est le lieu d'événements étranges qu'on aime raconter le soir au coin du feu, surtout depuis que Hubert Marsten a fait construire Marsten House et y a perpétré un meurtre horrible.
"La maison se dresse là, sur cette colline qui domine la ville, comme une... comme une idole magnifique."
Depuis, on la dit hantée, et lorsque de nouveaux locataires viennent y séjourner, les disparitions de riverains se multiplient.
Ben a grandi a Salem et y revient pour écrire son nouveau roman sur "la faculté du mal à renaître". C'est un esprit rationnel mais ouvert aux croyances du mal: "je pense que cette maison pourrait être le monument au mal d'Hubert Marsten, une sorte de plaque de résonance psychique. Un phare du surnaturel."
Avec Matt Burke, prof de littérature et figure locale, ils commencent à mener l'enquête sur l'identité des nouveaux locataires de Marsten House. Peu à peu, Matt, en "nouveau Van Helsing" réunit un groupe pour lutter contre l'ennemi...
Wordsworth disait: "les yeux sont les fenêtres de l'âme". Qu'en est-il des âmes damnées? Car ce roman traite aussi de religion et de foi. Croire ou ne pas croire ne change pas les données du problème: parfois, l'être humain est confronté à des événements qui le dépassent et doit se contenter des armes qui s'offrent à lui pour les combattre. Ainsi, la maison délabrée en haut de la colline devient le symbole du mal, le lieu de tous les possibles , l'antithèse de ce que rejette un esprit rationnel. Et Salem qui jusque là rejetait son origine biblique, devient un territoire où les forces du Mal se concentrent:
"La ville gardait son secret et Marsten House veillait sur elle comme un roi déchu continue de suivre les affaires de son peuple."
Avec ses propres ficelles littéraires, Stephen King réussit à distiller la peur au compte goutte jusqu'à un final mémorable et digne du genre qui vous fera appréhender les nuits et augmenter vos capacités d'imagination!
"Quelque fussent les bruits, les dangers réels ou imaginaires, les terreurs de l'inconnu, il y avait pire encore: regarder la Gorgone dans les yeux."
A Salem, la Gorgone n'a pas une chevelure de serpents emmêlés, mais un teint pâle, des canines effilées et des lèvres rouges san