Ed. Points Seuil, avril 2013, 500 pages, 8 euros
Sobre et à fleur de peau
On
avait quitté Malin Fors en automne, alcoolique et en conflit larvé avec
ses parents. On la retrouve au printemps, sobre après une cure de
désintoxication, en proie à ses vieux démons de bière et de téquila car
l'alcool est "une maladie. Un parasite. Un virus imprévisible", mais
résistante. Sa mère vient de mourir, et l'ouverture du testament va
enfin lui faire connaître cette vérité que ses parents lui cachent
depuis si longtemps. Malin est une femme de trente six ans, exemplaire
dans son travail, mais qui n'arrive pas à avoir une vie privée
"normale". Cette nouvelle enquête, qui s'ouvre sur le meurtre de
jumelles de six ans, va réveiller sa fibre maternelle et lui ouvrir la
voie vers une réelle introspection. L'auteur utilise toujours plusieurs
points de vue, celui des victimes compris. Malin semble être le
catalyseur de ces voix défuntes qui cherchent à comprendre pourquoi
elles ne sont plus. Cependant, cette fois-ci, quelques lourdeurs dans le
procédé plombent le récit. En fait, la force de ce polar réside dans
l'invraisemblance de l'histoire. Le lecteur plonge dans le Mal à l'état
pur. Dans chaque tome, Mons Kallentoft s'évertue à montrer une
incarnation du Mal. Cette fois-ci, il semble vouloir le révéler dans sa
forme paroxysmique, incarnée par une famille tellement riche qu'elle en a
oublié les valeurs humaines et morales. Mais, on se laisse prendre
facilement au jeu grâce au rythme soutenu de l'intrigue, la qualité
psychologique des personnages, et enfin, notons-le, la qualité de la
traduction. Finalement, Printemps conclut en beauté cette saison
suédoise de polars.