vendredi 11 octobre 2013

Dome (tomes 1 et 2) Stephen King

Ed Le Livre de Poche, mars 2013, 840 pages, 8.9 euros

Tome1: boule à neige?


Vous pouvez détester Stephen King pour de multiples raisons, mais vous ne pouvez pas l'exclure des auteurs américains qui comptent. Certes, il est loin le temps où je lus son dernier roman (vingt ans peut-être?), mais c'est avec plaisir que je décidai de lire ce livre fleuve de quelques 630 pages. Déjà l'idée est originale: sans aucune raison apparente, un dôme géant et transparent recouvre une petite ville du Maine et ses habitants. Enfermés pour une durée indéterminée, les questions se posent, les comportements se dévoilent, les véritables natures prennent le dessus. Ainsi, à grande échelle, l'auteur décrit ni plus ni moins l'équivalent d'une expérience socio-scientifique où, petit à petit, la loi du plus fort (ou celle du plus rusé) prend des galons. Les personnages sont nombreux, mais on s'y retrouve. Se distinguent Jim Rennie ou Big Jim adjoint au maire aux dents terriblement longues, Dale Barbara alias Barbie, militaire à la retraire, observateur hors pair, Junior et ses amis dont l'uniforme de policier leur monte à la tête....La liste est longue mais représente une palette complète des comportements humains. On tourne les pages avec plaisir car Stephen King a l'art de manier le suspens...et la précipitation au détour d'une phrase. Les temps morts n'existent pas. L'auteur joue avec nous car il devine et anticipe nos hypothèses sur l'existence de cette "cloche" géante. Jamais ringard, très fouillé, ce roman est un pur plaisir de lecture. C'est pourquoi, on commence le tome 2 dans le même état d'esprit....C'est parti!

Tome 2: "Car nous avons vu comme à travers un verre obscur" (Corinthiens)


 Parabole? Fable politique? Les interrogations sont nombreuses après avoir lu les quelques 1200 pages des deux tomes. Moi, je dirai plutôt "fable sociale", car face à une situation exceptionnelle, l'être humain réagit différemment et Stephen King le prouve. Au delà de l'aspect fantastique du Dôme, ce roman n'est ni plus ni moins qu'une critique amère de la société, prouvant que, même en temps de crise, l'instinct de richesse et de pouvoir peut l'emporter sur la solidarité. Chester Mill, petite ville de deux mille habitants devient la fourmilière, et le dôme la loupe qui la scrute. Ainsi, certains protagonistes comme Big Jim n'ont plus de limites, et sous couvert de foi religieuse bien glauque, ils transforment leur village en dictature. Jamais ne se posent les questions de rationnement en nourriture et essence tant l'auteur a préféré s'attarder sur les relations entre les personnages et l'évolution de leurs personnalités.Linda, la femme flic, se rend compte que "vivre sous le Dôme intensifiait tout. Linda avait déjà l'impression que cela faisait es années qu'ils étaient cloîtrés dessous, et non pas quelques jours. Le monde extérieur s'estompait comme un rêve au réveil." Roman intense, on peut être déçu par la fin, trop conventionnelle à mon goût, qui n'est pas à la hauteur des pages qui la précèdent. Cependant, cette "vivisection sociale" est passionnante, cohérente, et fournit une situation tout à fait plausible. "L'homme est un loup pour l'homme" disait Hobbes, et lorsqu'on est "enfermé dehors", mieux vaut être ensemble et former une équipe que seul et dominant.