vendredi 25 octobre 2013

Betty, Arnaldur Indridason

Ed. Points Seuil, traduit de l'islandais par Patrick Guelpa, novembre 2012, 236 pages, 6.8 euros
 
L'excellence venue du froid...
 
Un ménage à trois, ça ne fonctionne jamais, surtout lorsque tout se fait dans le dos de l'autre. Betty et son époux Otto sont millionnaires, débordés, entrepreneurs, et ont besoin d'un conseiller juridique. Ils le trouvent en la personne du narrateur; enfin, c'est surtout Betty qui le recommande à son compagnon.... Tout de suite, Betty hypnotise son nouvel employé:
"Je connais peu de femmes aussi conscientes de la force que leur confèrent la beauté et le sex-appeal. Toute sa vie, elle avait mené les gens par le bout du nez et elle était tellement habile qu'on ne s'en apercevait que lorsqu'on se retrouvait dans ses bras."
Manipulé? Oui, le narrateur en a conscience, mais il en veut encore, tant sa relation amoureuse avec Betty le sort de sa routine et de son tempérament solitaire.
Or, Otto devient un obstacle. Pourtant, c'est lui qui détient l'argent. Comment faire? Le lecteur se doute bien qu'un assassinat se profile avec un alibi falsifié, bref le crime parfait. Mais entre temps, il se prend "une claque" mémorable qui bascule le roman dans tout autre chose. Cette claque est si soudaine, qu'il aura tendance à compulser les pages d'avant pour se rassurer: a-t-il vraiment tout compris?
"Elle a été pour moi comme un livre ouvert et en même temps une énigme absolument indéchiffrable", n'a pas peur de dire le narrateur, qui, au fond de sa cellule, sent encore la morsure du désir pour celle qui l'a détruite.
D'un honnête policier, on ressort de cette lecture complètement bluffé, admiratif quant au génie de l'auteur. Et c'est cela qui distingue ce roman de ses frères jumeaux du genre: l'originalité, le piège qui se referme, et l'impression de lire deux histoires pour le prix d'une.
Un modèle du genre.