vendredi 11 octobre 2013

22/11/63, Stephen King

Ed. Albin Michel, Trad. de l'anglais (USA) par Nadine Gassié, 934 pages, 25.9 euros

 Et si on pouvait réécrire l'histoire? 


"Le monde est un mécanisme parfaitement équilibré d'appels et d'échos de couleur rouge qui se font passer pour un système d'engrenages et de roues dentées, une horlogerie de rêve carillonnant sous la vitre d'un mystère que nous appelons la vie. Et au delà de la vitre. Tout autour d'elle? Du chaos, des tempêtes."

Roman fleuve de 940 pages dont il faut saluer la traduction de Nadine Gassie, 22/11/63 est, au-delà de la volonté d'un homme d'empêcher le meurtre de JFK, une réflexion sur le temps, l'amour, la vie.

22/11/63 est la date fatidique, celle aussi où le héros, normalement, pensera à retourner chez lui (sous entendu en 2011) sauf que....

Jake Epping, prof de littérature anglaise découvre, grâce à un ami restaurateur, un "trou dans le temps". S'il le traverse, il se retrouve toujours au même endroit, à la même date et à la même heure....en 1958! Cet ami, sur le point de mourir, lui demande de retourner dans le passé et empêcher l'assassinat de JFK...
Par devoir moral mais aussi par curiosité, Jake accepte. Il devient George Amberson et, entre 1958 et 1963, construit sa vie, grâce notamment aux carnets de notes de son ami disparu ainsi qu'aux résultats des paris sportifs. Son parcours le mène vers une certaine ville, Derry, au sein de laquelle il ressent tout de suite quelque chose d'anormal, de malsain. Là, il y rencontre même deux enfants qui dansent dans les Friches Mortes !...(voir Ça) Cette ville le perturbe tellement qu'il en écrit un manuscrit intitulé "la ville assassine", et donne ainsi au lecteur une remarquable mise en abîme...
La traque de Lee Harvey Oswald l'emmène surtout dans l'état du Texas. Dans la petite ville de Jodie, il s'intègre, enseigne, tombe éperdument amoureux, prend goût à la vie et à la mentalité des années 60, sauf que....
Sauf qu'on ne change pas le passé comme on veut. Il résiste. Chaque action de George entraîne un effet papillon dans le temps. Le passé s'harmonise tout en luttant contre le changement.

"L'histoire aussi est un fleuve". La "bulle" de temps dans laquelle s'engouffre Jake-George n'est d'autre qu'une ligne de partage des eaux", un endroit où l'histoire se déverse dans les différents fleuves du temps. Stephen King se sert de la date 22/11/63 comme colonne vertébrale de sa narration. C'est un point de mire, une issue qui ne doit pas devenir fatale. Mais entre 1958 et 1963, George aura le temps de réfléchir, non seulement à sa vie, mais aussi aux conséquences s'il arrive à sauver JFK. Dans ce contexte, il ressemble aussi au héros de Dead Zone: empêcher le malheur pour garantir un avenir meilleur...


Stephen King s'amuse avec son œuvre d'abord, mais ensuite avec le genre et le thème traité. La possibilité de remonter le temps fascine et a déjà été le point de départ d'autres textes. Néanmoins au delà de l'aspect causes-conséquences, l'auteur s'attarde surtout sur la faculté de l'être humain à s'adapter au monde qu'il l'entoure, à la société qui lui est proposée. Ainsi, on sort de ce roman avec l'impression d'avoir lu un des meilleurs romans du maître, mais ça ce n'est qu'un point de vue hautement subjectif!