Pour Leigh, l'eau a toujours été un refuge. Aux Pays-Bas, pays où elle a grandi, l'eau était une menace constante qu'il fallait juguler au quotidien pour éviter le grignotage des terres. Pourtant, Leigh adorait y plonger pour tout oublier : une mère silencieuse et un père instable en proie à une violence folle envers elle.
"[L'eau] nous anticipe, nous contient, nous survit. Et nous sommes ici, avec elle".
Plus tard, Leigh est devenue biologiste marine. Son statut lui a permis de s'éloigner des siens et de se consacrer à ce qu'elle a toujours adoré. Elle participe alors, à bord de l'Endeavour, à une mission scientifique censée explorer une fosse sous-marine nouvellement détectée dans l'Océan Atlantique. Cette dernière est sans aucune mesure avec la célèbre fosse des Mariannes dans l'Océan Pacifique et cache en son sein des structures organiques inconnues.
Quelques temps plus tard, Leigh est contactée pour participer à un programme de recherche ultra secret destiné, à court terme, à envoyer des êtres humain pour un voyage spatial au long cours. Un long voyage demande d'embarquer des provisions alimentaires conséquentes. C'est pourquoi on demande à la jeune femme de travailler sur une algue novatrice capable non seulement d'apporter au quotidien ce qu'il faut au corps, mais aussi de juguler les phases maniaco-dépressives consécutives à l'isolement dans l'espace. Très vite, Leigh comprend que ses recherches et ses innovations sont en lien étroit avec les découvertes faites lors de la mission Endeavour.
Alors que la santé de sa mère décline sévèrement, Leigh accepte de faire partie de ceux qui, potentiellement, seraient appelés à partir explorer au-delà de notre système solaire, au niveau du nuage d'Oort, phénomène astronomique théorisé mais jamais exploré. De plus, il s'avère que les découvertes récentes et l'écoute du ciel fait écho à une vieille théorie selon laquelle nous ne sommes pas seuls et que l'origine de la vie sur Terre serait dûe à une puissance extraterrestre. Après un attentat ayant coûté la vie à la mission qui devait s'élancer, Leigh et son équipe s'envole finalement depuis Cap Canaveral pour un voyage (avec un retour prévu) avec, à son bord, les graines d'algues qui leur permettront de supporter le voyage interstellaire.
Avec une mis en attente un peu poussive d'environ la moitié du roman, Ascension devient vraiment intéressant lors du voyage interstellaire. Après avoir sondé le fond des océans, le roman explore le vide intersidéral et raconte les états d'âme et la survie de trois êtres humains dans une petite navette qui doit les conduire jusqu'aux confins de l'espace connu et les ramener sur notre bonne vieille planète.
La matière organique est au cœur de l'ouvrage et permet de théoriser sur notre probable origine. Attention, nous sommes vraiment dans un roman de science-fiction, ce qui inclut la liberté scientifique par rapport à ce qui est connu.
Ascension propose une véritable réflexion sur la famille, le temps qui passe et les traces qu'on laisse de notre passage sur Terre.
"Toute le onde est parent. C'est ça vieillir: la sénéscence catastrophique. C'est ça mourir. Tu deviens parent. Tu fais partie du flux".
C'est le premier roman traduit en français de Martin MacIness. Son intrigue est équilibrée, complète et structurée. Une vraie curiosité littéraire en science-fiction.
Ed. Actes Sud, collection Exofictions, septembre 2024; traduit de l'anglais (GB) par Nadège Dulot, 400 pages, 24€
Titre original : In Ascension