vendredi 30 juin 2023

Efficace

 

Avec ce nouveau roman, Douglas Kennedy s'essaye à la dystopie. Son pays, les Etats Unis d'Amérique, est un lointain souvenir. Après une nouvelle guerre de Sécession en 2045, il est désormais divisé en deux zones : la République Unie où sous une impression de liberté, chaque citoyen est pucé et surveillé, et la Confédération Unie dans laquelle se rassemble le peuple chrétien et conservateur. Forcément ces deux "pays" s'observent, s'infiltrent et se font face. Il y a des espions dans les deux camps.

"Dans notre monde, la confiance n'est vraiment qu'une fable. Toutes les identités sont malléables, corruptibles. Tout le monde est suspect".

Samantha Stengel est une espionne de la République Unie. Elle a renoncé à tout pour pouvoir devenir la meilleure et surtout le rester aux yeux de sa hiérarchie. Depuis la mort de son père, aucune famille ne la retient. Alors quand elle apprend qu'elle a une demi-sœur dans l'autre camp, qui plus est espionne comme elle, ses fondamentaux vacillent. En plus, sa nouvelle mission lui ordonne de l'éliminer...

"L'écran devient noir, et nous disparaissons toutes les deux".

Au-delà de l'intrigue d'espionnage classique avec son lot de rebondissements, de suspens et de faux-semblants, l'approche sociétale du roman est plus intéressante. Certes, parfois on frise le manichéisme et, çà et là, on pourrait faire écho avec La Servante écarlate de Margaret Atwood pour l'ambiance générale. Douglas Kennedy s'est inspiré de faits bien réels pour en faire des bombes à retardements qui ont explosé quelques années après. Rien ne va plus car deux visions opposées du monde se font face et rien ne semble pouvoir les réconcilier.

Finalement, quelque soit le côté de la nouvelle frontière il ne fait pas bon d'y vivre puisque, à chaque fois, on y perd deux valeurs essentielles : l'intimité et le choix

Et c'est ainsi que nous vivrons raviront les amateurs de roman d'espionnage et montre que le romancier a encore fait "le job" : attrayant et efficace.

Ed. Belfond, juin 2023, traduit de l'anglais (USA) par Chloé Royer, 336 pages, 22.90€