Pendant dix ans, dans un pays non nommé, la population du sud s'est opposée à celle du nord. Cette dernière, victorieuse décide de rallier les deux populations par une nouvelle autoroute en asphalte sur laquelle sera organisée une parade, symbole de l'unité retrouvée.
"Une nation qui se redressait après des années de guerre civile, gangrénée par la corruption et désormais opprimée par un gouvernement sans foi ni loi".
Pour la construire, Quatre et Neuf sont dépêchés, car dans ce pays mieux vaut rester anonyme quand on est étranger. C'est la soixante troisième mission de Quatre et la première de Neuf. Quatre désire travailler vite mais il se heurte au tempérament curieux de Neuf qui veut aller au contact de la population goûtant à la liberté retrouvée.
"Mais je dois dire que je me sens véritablement épanoui ici. L'optimisme des gens est comme la naissance d'une étoile. Il est incandescent. j'ai le cœur comblé".
Au fil des jours, Neuf disparaît de plus en plus longtemps avec le quad de l'entreprise, puis un jour, il ne revient pas. Quatre décide de ne pas prévenir sa hiérarchie et de gérer le problème en interne, avec l'aide d'un autochtone. Il n'est pas au bout de ses surprises...
"Un bon employé ne signale pas les problèmes, il les résout. Quatre décida finalement qu'il n'appellerait pas entreprise. Le silence, c'est la clarté. Le silence c'est le pouvoir".
La Parade interroge à plus d'un titre. Il montre du doigt les dysfonctionnements, les attitudes face au pouvoir et la manière de l'appréhender. Le roman dénonce ça et là les traces de la barbarie qu'on tente de cacher : les énigmatiques sachets poubelle au bord de la route, les femmes qui fuient, les enfants seuls et indifférents à ce qui se passent autour d'eux, les dispensaires fantômes. On se rend compte que les vieilles habitudes de la guerre passée ont la dent dure : corruption, préférences ou pratique du kidnapping. L'autoroute en construction, symbole du nouvelle unité retrouvée ne doit souffrir d'aucune anomalie, comme le gouvernement en place. Mais le noir de l'asphalte s'oppose à la joie incandescente des habitants qui croient avoir recouvré leur liberté.
Ed. Gallimard, collection Du Monde Entier, mai 2021, traduit de l'anglais (USA) par Juliette Bourdin, 16.50€