Les parents de Anzu ont quitté leur foyer pour rejoindre un établissement médicalisé où la devise est "soins à vie avec respect". Fujiko est atteinte de la maladie d'Alzheimer et son époux Tetsuo en est le témoin impuissant. Quarante années de mariage qui se délitent, quarante années de souvenirs qui s'effacent inexorablement...
"Je ne peux plus lui parler de ces souvenirs, ni de nos enfants. Notre vie d'une demi-siècle, où a-t-elle disparu ? Je lève les yeux vers le ciel pour ne pas trop penser au passé".
Un matin, Fujiko se lève et ne reconnaît plus Tetsuo. Tout juste accepte-t-elle qu'il soit son fiancé. Conseillé par le corps médical, il accepte la situation. Leur couple redevient le "miaï" de jadis, la rencontre arrangée d'une "personne honnête et fiable" organisée par des amis.
"Ma femme me demande :- Vivre, qu'est-ce que c'est pour vous ?- Pour moi, c'est aimer et être aimé. Si nous nous marions, je veux que nous nous aimions toute la vie".
Seulement, cette fois-ci, Tetsuo veut se servir du passé pour mieux faire auprès de Fujiko. Ce n'est pas facile. Entre ses idées fixes, ses souvenirs lointains, notamment sa connaissance approfondie des cigales, et ses lubies du moment, le vieil homme est toujours obligé de s'adapter.
"Je dois rendre l'argent à monsieur Miwa".
Monsieur Miwa est le célèbre chef d'orchestre que Fujiko a rencontré il y a longtemps après un de ses concerts. Les langues se délient, les vieux amis parlent, les enfants aussi, et Tetsuo se rend compte que son épouse avait, comme lui, ses secrets, et n'était pas aussi heureuse qu'il le pensait.
Et s'il pouvait reconquérir Fujiko ?
Aki Shimazaki a le don d'emporter son lecteur jusqu'au bout de son récit. Ses phrases enveloppent et ses personnages nous ressemblent. On se surprend, lorsqu'on tourne la dernière page, à se dire déjà fini ?
L'autrice aborde des sujets délicats et douloureux avec tact et humour à la fois. Cette famille du Daisen n'a pas fini de livrer ses secrets.
Pour découvrir Suzuran :
Ed. Actes Sud, mai 2021, 160 pages, 15€