"- Pourquoi est-ce qu'on l'appelle Villa Chagrin? - Toute une famille y a disparu pendant l'ouragan Hazel. Le père, la mère, le fils. Les parents affolés sont partis à la recherche de leur enfant alors qu'il était peut-être encore à l'intérieur. En tout cas, aucun d'entre eux n'a jamais réapparu."Cette histoire fascine Marcus, d'autant qu'il a beau chercher dans les journaux de l'époque, il ne trouve aucune trace du nom de la famille disparue. Et puis un jour, sa curiosité le mène jusqu'à la Villa où, avec le reflet du soleil, il est persuadé d'avoir vu le fantôme du gamin.
Marcus savoure sa nouvelle vie, seulement il est confronté à un sentiment de culpabilité. Si sa mère n'était pas morte, il vivrait toujours avec elle dans un appartement minable du côté de Jewel ou Fosterville. Enfant précoce, il avait bien compris que sa mère fuyait quelque chose, voire quelqu'un. Elle s'évertuait à vouloir s'élever socialement en reprenant ses études.
Assez solitaire, Marcus prend l'habitude de se rendre dans la villa abandonnée. Là il entame un dialogue fantôme avec celui qu'il a cru voir. Ce dernier devient son ami invisible, son confident aussi. Il continue son enquête sur la disparition de la famille, et compte bien sur la venue de la vieille Coral, véritable mémoire vivante de l'île, pour l'éclairer.
" Au début, je limitais mes paroles à la nature, la mer et l'environnement que nous partagions. Je commentais les levers de soleil et les marées, je lui faisais part de mes inquiétudes quant au destin des petites tortues, qui me tracassait beaucoup".Or, la situation se complique lorsque Tante Charlotte tombe et se brise la jambe et le bras. Il devient le petit homme de la maison. Même l'ami de la famille, Lachicotte, lui demande de veiller sur Charlotte encline à sombrer dans la boisson...
Villa Chagrin peut être considéré comme un roman initiatique. Le temps d'un été, Marcus, onze ans, déjà assez responsable pour son âge, va devenir un homme et percer les secrets de sa naissance et de la Villa Chagrin.
Gail Godwin joue beaucoup sur les effets de lumière, l'ambiance locale et les allers-retours dans le passé pour construire une intrigue solide qui emmène le lecteur jusqu'à la dernière page pour en connaître la résolution totale.
Les fantômes et les blessures du passé sont omniprésents. Leur charge émotionnelle influence et oriente notre petit héros sur le chemin vers l'âge adulte.
Ed. Joelle Losfeld, mars 2020, traduit de l'anglais (USA) par Marie-Hélène Dumas, 336 pages, 22€
Titre original : Grief Cottage