Dans le comté de Grouse County, les uns s'ennuient tandis que les autres vont voir ailleurs si l'air est plus respirable ! C'est le cas de Micah qui accepte de suivre sa mère en Californie alors que cette dernière l'avait laissé pendant des années aux bons soins de Tinny, le beau-père. Au bord du Pacifique, le jeune homme prend le pouls d'une autre mentalité, fait de nouvelles rencontres féminines, et apprend à connaître une mère, comédienne de métier, qui se débat avec ses faiblesses domestiques.
Et puis, soudain, le comté connaît une poussée de vols commis par un petit rigolo mais surtout, l'ex-shériff du coin, Dan, se lance à la recherche d'un certain Jack, combinard de première, qui s'est lancé dans le trafic de fausses sculptures celtes. Pour couronner le tout, ce Jack est lui-même recherché par Sandra Zulma, une fille mystique et mystérieuse qui croit que le bonhomme possède une pierre sacrée...
Chez Tom Drury, rien ne se passe comme prévu ou plutôt rien ne se passe finalement. Sauf que, ce roman qui vient clore une trilogie commencée avec La Fin du vandalisme et Les Fantômes voyageurs déploie tout le talent de Tom Drury. Ce virtuose de la narration nous offre des dialogues à la fois complètement décalés et ciselés à la hauteur de ses personnages, parfois récurrents aux deux précédents tomes. Pourtant, l'intrigue ne frôle jamais l'absurde, la trame narrative respecte une certaine rigueur, si bien que jamais le lecteur n'a l'impression de faire du sur place.
Ce qui compte chez Drury, c'est l'instant présent. Chaque décision prise sur l'instant ressemble à une mini épopée ou une mini aventure burlesque sans que cela affecte plus que cela le personnage impliqué. Le passé n'a pas de prise. Les gens vont et viennent, apparaissent et disparaissent. Même la mort n'est plus qu'une étape sur laquelle il ne sert à rien de s'appesantir.
Pacifique est dans la lignée des romans précédents et inscrit (encore une fois) Tom Drury comme l'un des écrivains majeurs américains qu'il s'agit de lire et relire avec plaisir.