La fin d'un monde - le nôtre - est proche. Elle a été anticipée deux ans plus tôt par un éminent scientifique, éthologue de formation, seulement il n'a pas été pris assez au sérieux.
Maintenant, il est trop tard. Carlos Mandel s'est suicidé et a emporté sa découverte avec lui. Sauf que deux ans après avoir tiré sa révérence, nombreux de ses proches ont reçu un mail étrange, programmé par Mandel, contenant un message unique CROATOAN.
Croatoan fait référence à un vieux mystère qui raconte l'étrange disparition d'une colonie en terre amérindienne, sans explication logique. Mais pour Carmela, il est difficile de faire le lien entre cet événement et ce qui se passe à Madrid et qui semble envahir le monde entier : hommes, femmes, enfants et animaux semblent soudain être atteints par un virus étrange qui les obligent à se mouvoir vers un point unique, sans faire attention aux obstacles. Avec eux, tous les animaux sauvages ou non.
"Depuis les immeubles éclairés les plus proches, de chaque fenêtre et balcon, jaillissent des personnes. Elles se penchent à la taille et se laissent tomber. (...) Ils agissent dans un silence poli, anonyme, avec le minimum de gestes pour se tordre et s'écrouler d'en haut".Attentat biologique, expérience qui a mal tournée, en tout cas, Carlos Mandel semblait avoir anticipé les comportements comme le prouvent les éléments contenus dans la clé USB qu'il a réussi à transmettre à ses proches. De fait, Carmela, accompagnée de l'ex-compagnon de Mandel, un certain Nico, tentent de rejoindre les autres détenteurs du secret pour enfin se rendre jusqu'au centre expérimental et comprendre l'objectif de Mère Nature.
Le Mystère Croatoan est un roman alléchant jusqu'à la moitié mais qui perd de son intérêt une fois que le mystère est dévoilé. Dès lors, il devient un roman presque post apocalyptique soutenu par un suspens jusqu'à la dernière ligne, et qui met définitivement de côté tous les personnages secondaires de la première Partie du récit.
La jeune Carmela tient à bout de bras l'avenir du monde connu et malgré un ex violent et encombrant et un entourage qui ne tient que par leur seul ami en commun Mandel qui les a rassemblés dans le secret, elle fait face au chaos du monde pour réussir à sauver ce qui peut encore l'être.
Ainsi, ce dernier roman de Somoza n'est peut être par le meilleur de l'auteur, mais il reste dans la veine de ses précédents romans : il est direct, intrusif , mystérieux et ose dévoiler la face sombre de l'être humain.
Ed. Actes Sud, traduit de l'espagnol par Mariane Millon, janvier 2018, 416 pages, 23 €