Ceux qui savent
Ceux qui savent sont une bande d'amis qui, un beau jour, au crépuscule de leur vie, se sont vraiment regardés dans le miroir...
Niceto et ses comparses ont plus de quatre-vingts ans. Ils passent leurs journées à jouer aux cartes et... à revendre sous le manteau des produits obtenus illégalement. Ils sont tellement sûrs d'eux qu'ils accomplissent ce délit devant le commissariat.L'Espagne souffre encore des séquelles de la crise de 2008. Joindre les deux bouts est affaire de débrouille pour beaucoup. Depuis la mort de sa femme, Niceto n'attend plus rien et traîne sa carcasse chez son petit-fils Alvaro qui travaille au Samu Social, mais certainement pas chez son fils, médecin légiste de profession, avec qui la question religieuse reste un débat épineux. Seulement, ce dernier sent que quelque chose de pas net se profile à l'horizon lorsqu'il est appelé pour constater le décès d'une personne âgée dans une barque. C'est Longinos, un des meilleurs amis de Niceto, et le premier à trépasser parmi le groupe....
Dans le même temps, Niceto s'enfuit de chez Alvaro. Le fils et le petit-fils tentent de le retrouver et de comprendre ce qui se passe.
Les planches en noir et blanc sont volontairement sombres pour ajouter au caractère pessimiste de la trame.Le lecteur sent immédiatement que le vieil homme est au centre d'un engrenage qu'il ne maîtrise plus et dont il veut mettre fin. La vieillesse est un fardeau et Niceto n'attend plus rien de l'existence.
"Le pire c'est l'indifférence. Un beau jour tu te rends compte que la réalité a gagné la partie. Une partie que tu n'avais même pas conscience de jouer. Et toi, tu reste impassible, comme un arbre que l'automne laisse avec le pantalon baissé au milieu du bois. Pas un bûcheron pour sonner un sens à ta vie. Pas un oiseau sur tes branches".
L'intrigue garde ses promesses, car jusqu'à la fin, le suspens est maintenu. La "bande de vieillards" est détentrice d'un secret trop lourd à porter pour leur vieille carcasse, et chacun d'entre eux n'entrevoit aucune solution pour s'en débarrasser...
Au Fil de l'eau est une métaphore de la vie. Nous sommes sur une barque qui vogue au gré des courants, soumis à un destin que nous ne gérons pas.