mercredi 4 février 2015

Au cochon porte bonheur, Kim Jong-Ryeol

Ed. Picquier Jeunesse, traduit du coréen par Yeong-Lee Lim et Françoise Nagel, illustré par  Suk-Kyeong Kim, avril 2013, 111 pages, 12.9 euros

L'avidité de toute chose est un vilain défaut...


Dans la ville d'Azalée, un étrange commerce vient de s'ouvrir. Il s'appelle "Au cochon porte bonheur" et le prospectus déposé dans les boîtes aux lettres y promet monts et merveilles aux futurs clients:
"Azaléeens! La chance vous attend au cochon porte-bonheur. Venez nombreux et emportez l'article de votre choix sans débourser un sou. Parole de Cochon porte-bonheur!"

Le jeune narrateur raconte alors comment sa mère, son père et tous les autres habitants se sont faits prendre au piège. La file d'attente devant le magasin ne désemplit pas, et au rythme de dix clients par jour, l'enseigne ne fait que des heureux. Chacun ressort avec un objet banal en apparence mais que le gérant du magasin affuble d'une origine magique ou célèbre. Ainsi, la Terreur des malfaiteurs, surnom donné au policier de la ville, a reçu une paire de lunettes capable de repérer les voyous au premier coup d’œil. Le libraire, Monsieur Puits de Sciences, a reçu un livre enchanté venant de Grimm, dont la particularité est de raconter à chaque fois une nouvelle histoire...

L'affaire est trop belle, les cadeaux trop alléchants. Le narrateur remarque un changement chez les bénéficiaires. Leur nez se transforme en groin de cochon! L'avidité de chacun a réveillé leur part animal. Ainsi, ses parents, heureux propriétaires d'un vase capable de multiplier les objets, dorment maintenant sur un tas de billets, mais ce sont des porcs!
Azalée est désormais "une ville grouillante de cochons", et ceux qui sont restés normaux ne sont pas les bienvenus. Et pendant ce temps, le cochon porte bonheur, se déplace, fier comme tout, à travers les rues de la ville. Alors, comment inverser la malédiction?

Kim Jong-Ryeol raconte une fable glaçante sur l’avidité et la cupidité des êtres humains. Seul un petit garçon reste de marbre et entreprend de comprendre ce qui se passe. La bonne fortune se transforme vite en mauvaise fortune, et Azalée devient une porcherie.
Il y a du George Orwell avec la Ferme des animaux dans cette histoire là. Témoin de la folie des siens, le jeune narrateur comprend que le magasin apparaît à des endroits où les gens sont dépassés par leur avidité. Dès lors, il comprend que "la peine qu'on se donne "pour réussir est bien plus louable que le reste.
Au cochon porte-bonheur se lit d'une traite. La fable est efficace, attrayante, originale, avec des personnages secondaires caricaturés certes mais représentatifs et symboliques de tous les grands défauts humains.

Finalement, sous couvert de récit jeunesse, cette fable s'adresse à tous les âges!

A partir de 10 ans.