Entre Garp et Forrest Gump
A sept ans, Edgar est victime d'un accident peu banal: le facteur lui écrase malencontreusement la tête en faisant marche arrière! Sauvé par un médecin, Edgar grandit avec des plaques dans le crâne mais un cerveau intact. Or, ce n'est pas sa famille qui pourra l'aider...
Rejeton d'un pseudo cow boy et d'une indienne alcoolique, Edgar ne peut compter que sur lui-même et peut-être sur ses compagnons de chambrée à l'hôpital, c'est dire!
Par la suite, placé en foyer puis dans une famille d'accueil mormone excentrique, Edgar grandit, mûrit et s'ouvre au monde. A chaque instant, naïvement, il se pose la question de la place de Dieu dans le destin des hommes, et cherche le meilleur en ceux qu'ils rencontrent, même s'ils s'avèrent peu fréquentables. "Harcelé" au fil des ans par le médecin qui l'a sauvé et qui s'accroche à lui comme une bouée de sauvetage, souffre douleur de ses compagnons d'infortune au foyer, nouveau membre d'une famille mormone qui tente d'oublier un drame, Edgar observe et note tout.
Finalement sa véritable amie n'est qu'une Jubilé 2000, une machine à écrire qui le décharge de ses tensions, ses espoirs, ses réflexions.
On ne s'ennuie pas tout au long de ces 500 pages de ce roman initiatique. Le héros en lui-même semble être un avatar de Forrest Gump et de Garp, le personnage d'Irving.
Cependant, la trame narrative est déséquilibrée; alors que le dernier tiers aurait mérité d'être davantage exploité, l'auteur a privilégié des pages répétitives sur la vie d'Edgar à Willie Sherman et les brimades endurées.
Quant aux personnages secondaires, ils ont des profils intéressants et servent au bon rythme de la prose.
Ainsi, à défaut de nouveauté et de souffle, Le destin miraculeux d'Edgar Mint est un roman agréable à lire, mais pas LE roman initiatique par excellence, car il est trop inégal à mon goût. Ce dernier, John Irving l'a écrit avant lui.