Réimpression d'un livre épuisé depuis plus de 30 ans
(Avec de très belles photos de Marilyn prises en 1953 et 1956 par Milton Greene.)
"Je
me contentais de rêver que j'attirais l'attention de quelqu'un, que des
gens me regardaient et prononçaient mon nom", se rappelle Marilyn
lorsqu'elle était Norma Jean, jeune orpheline ballottée de famille
d'accueil en famille d'accueil pour seulement cinq dollars, et qui, par
ignorance d'un geste de tendresse, se forgea très tôt une carapace
. A
treize ans, elle attire le regard des hommes, et comprend que son corps
sera un atout essentiel, simplement Norma reste une fille simple, un peu
rêveuse, pas tout à fait le stéréotype de l'allumeuse: "une étrange
sensation m'avait envahie, comme si j'avais été scindée en deux
personnes distinctes. L'une Norma Jean, de l'orphelinat, n'appartenait à
personne. L'autre, j'en ignorais le nom".
De là, va survenir la
fracture qui, d'année en année, de bonheurs en désillusions, aura raison
de la santé mentale de l'actrice.
Or, dans ce livre Marilyn raconte son
enfance, son ascension, puis arrête sa confession au moment de son
mariage avec Joe DiMaggio. On sent qu'elle est une fille fragile,
"border line", d'ailleurs elle n'hésite pas à dire: "oui, il y avait
quelque chose de spécial chez moi, et je savais ce que c'était. J'étais
le genre de filles qu'on retrouve morte dans une chambre minable, un
flacon de somnifères vide à la main."
Lucide sur son tempérament, son
ignorance, sa fragilité, elle reste aussi lucide sur le "star system" et
les gens qui y travaillent. Là aussi, elle se rend compte qu'il existe
un fossé immense entre le paraître et la réalité. Finalement, elle est
restée la petite fille fragile, non aimée, et qui, malgré la gloire et
plus tard l'argent, reste terrifiée en contemplant le monde. Marilyn
n'est qu'une façade,une carapace, une publicité dans laquelle se cache
Norma Jean.Et quand le soir Marilyn disparaît, Norma se dit "je n'ai
jamais vécu, je n'ai jamais été aimée."
Prémonitoire, non?