Ed. Folio Gallimard, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, janvier 2010, 192 pages, 6.8 euros
Oh cachez moi ce sexe que je ne saurai voir!
La nuit de noces, quelle aventure palpitante!
Amateurs d'aventures passez votre chemin, car ce roman est un petit
bijou d'introspection! Florence et Edward se marient "pour le meilleur
et pour le pire", comme tout le monde d'ailleurs, sauf que pour eux, le
pire commence dès le soir de leur lune de miel. Tous les deux
appréhendent cette nuit "spéciale", ils s'en font même une montagne car
ils sont vierges et Florence répugne même l'idée d'une langue étrangère
dans s bouche! De façon alternée, l'auteur explique les raisons de cet
état d'esprit, et très vite, invoque le poids de la famille, mais
surtout le poids de la société anglaise de 1962 où parler de sexe est
"sale". En gros, tout le monde le fait, mais personne en parle! Le
mariage devient le symbole du passage à l'âge adulte et permet aux
jeunes d'avoir enfin la liberté d'agir selon leur bon plaisir. Quelque
part, l'auteur explique les raisons pour lesquelles les sociétés
occidentales passeront à "la révolution sexuelle" dans les années 70,
car trop de tabous, trop de silences tuent le sexe. Jamais le sentiment
amoureux n'est remis en cause, il est même mis en avant, mais du côté de
la jeune femme, il s'apparente à un sentiment fort d'amitié, un mari
devient un compagnon de vie où l'idéal serait qu'il n'est pas de désir
sexuel... Edward, lui, est plus mesuré. Certes, en jeune puceau, il se
pose beaucoup de questions, mais il envisage sa lune de miel comme un
cap à passer, mais surtout comme le début d'une grande aventure très
agréable aux cotés de celle qu'il a choisi. Mais, rien ne se passe comme
prévu, et la rigide Florence sonnera le glas des fantasmes de son cher
et tendre! C'est la première fois que je lis cet auteur et je suis
agréablement surprise. Par moment, on sent quelques similitudes avec
Philip Roth dans la façon de traiter avec neutralité et désinvolture ses
personnages, mais la comparaison s'arrête là. Bref, un court roman qui
mérite d'être lu tant par sa finesse d'analyse d'une époque, que par la
justesse des mots employés.
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