Ed. Actes Sud Babel, janvier 2014, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, 148 pages, 6.7 euros
La vie Théodore (Alain Souchon)
"On s'ennuie tellement/Alors la nuit quand je dors/Je parle avec Théodore/Dehors, dehors,...." ou comment écrire sur la solitude et la mort avec tact et élégance.
Certes, la première histoire, Le corps transparent peut paraître morbide, mais elle explore le rapport au corps mort, la volonté de lui donner une seconde chance en le mettant en valeur. L'enveloppe humaine devient un "spécimen" tout comme ceux précieusement gardés dans la nouvelle de Yoko Ogawa, L'annulaire.
La seconde histoire Voyage vers les étoiles, met en scène un groupe de jeunes gens en apparence biens sous tous rapports, mais submergés très jeunes par "une lassitude tenace", "tombée d'un seul coup" et contre laquelle ils n'arrivent plus à se battre. Ainsi, ils décident de rejoindre la mer pour une ultime tentative de se raccrocher à la vie afin de quitter cette "impression de vide, comme si ce corps, réduit à l'état de squelette après l'évaporation instantanée de son contenu, s'élevait vers le ciel dans le couchant".
Beaucoup de poésie donc pour un sujet délicat. Les phrases sont délicieusement ouatées, les sentiments "cruellement" vraisemblables si bien qu'on s'y retrouve un peu dans cette angoisse existentielle. Et même si les exigences de la vie font que l'on demande un peu de légèreté en littérature, cette lecture en procure et permet d'aborder la mort comme une autre forme de vie, "un voyage vers les étoiles", sans pour autant être un appel au suicide.