Ed. Folio Gallimard, mars 1998, 253 pages, 6.2 euros
"Lonesome cowboy"...en ski!
Tome 2 de la Comédie Américaine (le tome 1 étant Les mangeurs d'étoiles)
Lenny
est américain: il est beau, il a un sourire à tomber par terre et il
adore le ski. Mais Lenny a fui son pays natal pour la Suisse depuis que
Kennedy a dit dans un discours que les Etats Unis avaient besoin des
jeunes. Pas question de partir au Viet-Nam. Et puis de toute façon, "aux
USA, le problème du langage était terrible. N'importe qui pouvait vous
parler." (!?) Au moins en Suisse, Lenny est tranquille, il ne parle ni
suisse, ni français, ce qui lui garantit la liberté et la paix. Moniteur
de ski free lance, il devient (pour se nourrir) de temps en temps
passeur de lingots d'or et de devises entre la France et la Suisse. Tel
Gary Cooper, son idole, seul souvenir qu'il a emporté de son pays natal,
"il marche tout seul, il n'a besoin de personne, et gagne toujours à la
fin contre les méchants".
Pourtant, Lenny rencontre Jess, américaine
comme lui, fille de diplomate alcoolique. Et là toutes ses belles idées
sur la vie et la liberté sont remises en cause. Le Lenny asocial va
devenir le Lenny conforme à la société... L'histoire part dans tous les
sens mais finalement elle devient secondaire tant Romain Gary se délecte
de bons mots et de phrases fulgurantes. Ainsi, il n'hésite pas à dire
de son personnage : "un homme qui peut s'adapter à la réalité n'est
qu'un enfant de pute".
Il y en a des citations à garder...Lenny est un
jeune homme qui, par souci de différence et par un raisonnement jusqu'au
boutiste en vient à vouloir préférer la condition des Noirs américains
dans leur pays (dans les années 60). Il incarne toutes les contradictions
de la jeunesse de son temps et de son pays .
Et puis, dit-il enfin: "la
barrière du langage, c'est lorsque deux types parlent la même langue.
Plus moyen de se comprendre". CQFD!