jeudi 19 décembre 2013

Désolations, David Vann

Ed. Gallmeister, collection Totem, traduit de l'anglais (USA) par Laura Derajinski, 325 pages, 9.8 euros


Un second roman est toujours terrible pour un auteur, surtout lorsque le premier a fait sensation. Dès lors, on ne peut s'empêcher de traquer les points communs, les différences, et dans ce cas-là, lire en diagonale la page 113, on ne sait jamais...Certes, le récit se déroule encore en Alaska, certes, c'est encore une île (Caribou Island titre original de l'œuvre), mais cette fois-ci ce n'est plus un duo, mais une famille que David Vann décide de mettre en scène. Et cette famille a ceci de bien particulier que se sont des inadaptés au bonheur. Frustrés, remplis de regrets et de remords (et si j'avais fait ceci, et si j'avais choisi cela), ils décident, d'un seul coup, chacun dans leur coin, de faire le bilan de leur triste vie. Seul le fils Mark reste en dehors de ces états d'âme, trop défoncé à la marijuana, et "allergique" à ce curieux esprit de famille.
Irène, la mère, ressent "désormais sa vie et celle de Gary (son mari) comme une incroyable suffocation. Un poids terrible, un essoufflement et une panique", et lui Gary voit dans le projet de construction de sa cabane "le simple reflet d'un homme, à l'image de son propre esprit", "sans assise en ciment, sans permis de construire". Et dire que ces deux là qui ne se supportent plus veulent vivre isolés dans une cabane digne de Koh Lanta sur une île perdue d'Alaska! L'histoire mérite d'être lue, mais le dernier quart est long car le récit s'enlise. David Vann explique finalement que les êtres reproduisent un schéma familial prédéfini (qu'on le veuille ou non) en utilisant la relation d'Irène et de sa fille Rhoda. Quant aux hommes, il les décrit comme de pitoyables êtres refusant de faire face à leurs erreurs, à leurs pulsions, et préférant la fuite.
Ce second roman est un bon roman, moins bien rythmé que son grand frère, très fin en analyse psychologique, et merveilleux en carte postale de l'Alaska. Cependant, il souffre de longueurs et de répétitions, si bien que la fin nous semble moins percutante que ce que l'auteur aurait voulu qu'elle soit.