Ed Belfond, août 2013, traduit de l'anglais par Jean-Luc Piningre, 500 pages, 22 euros
A travers le temps et l'espace
En
2009, Colum Mc Cann avait marqué les esprits des lecteurs avec Et que
le vaste monde poursuive sa course folle, c'est pourquoi, avec ce
dernier roman au titre court et évocateur, Transatlantic, l'auteur
irlandais est "attendu au tournant".
Divisé en cinq parties ayant lieu à cinq périodes différentes (en effet, nous naviguons de 1843 à 2011), l'auteur a réussi le tour de force de mettre en scène des personnages récurrents et qui se font écho les uns les autres malgré l'amplitude de la période. Leur point commun? L'Irlande, pas l'Irlande indépendante, mais celle sous le joug de la cruelle Grande Bretagne, en proie aux catastrophes récurrentes: la Grande Famine, la pression impériale britannique, la violence terroriste de l'IRA, les négociations de paix à couteaux tirés. Alors, pour fuir la misère, combien d'Irlandais se sont entassés sur des navires insalubres pour se reconstruire en Amérique? Dès lors, une branche "made in Ireland" s'est posée et reconstruite sur le sol américain, sans pour autant en oublier ses racines. Ce fut le cas de la famille de Lily, dont la fille et la petite fille, Emily et Lottie garderont précieusement la fierté irlandaise.
Ces trois personnages féminins constituent le fil d'Ariane du récit. A elles toutes seules, elles constituent trois générations de femmes témoins des soubresauts de l'histoire à la fois américaine et irlandaise. Pour elles, traverser l'Océan atlantique était une certitude, un peu comme celle des aviateurs Brown et Alcock dont le récit ouvre le roman. Elles témoignent du fait qu'"il est trop difficile d'estimer les conséquences de nos actes, mais qu'[il] est sûr que nos vies résonnent après nous."
L'intelligence de ce roman vient du fait que l'auteur a su établir de subtiles connexions dans le temps et les espaces qu'il décrit. Les personnages, les situations se font écho naturellement et offrent ainsi une cohérence d'ensemble très efficace. Comme son personnage Emily, journaliste, on sent la recherche pointilleuse du mot:
"On déroule la chaîne au dessus du puits, le seau tombe dans l'obscurité. On le remonte vide à chaque fois, jusqu'à ce que, au moment le plus inattendu, il arrive à draguer le fond. Porter le précieux chargement à la lune, puis de nouveau fouiller le néant."
Divisé en cinq parties ayant lieu à cinq périodes différentes (en effet, nous naviguons de 1843 à 2011), l'auteur a réussi le tour de force de mettre en scène des personnages récurrents et qui se font écho les uns les autres malgré l'amplitude de la période. Leur point commun? L'Irlande, pas l'Irlande indépendante, mais celle sous le joug de la cruelle Grande Bretagne, en proie aux catastrophes récurrentes: la Grande Famine, la pression impériale britannique, la violence terroriste de l'IRA, les négociations de paix à couteaux tirés. Alors, pour fuir la misère, combien d'Irlandais se sont entassés sur des navires insalubres pour se reconstruire en Amérique? Dès lors, une branche "made in Ireland" s'est posée et reconstruite sur le sol américain, sans pour autant en oublier ses racines. Ce fut le cas de la famille de Lily, dont la fille et la petite fille, Emily et Lottie garderont précieusement la fierté irlandaise.
Ces trois personnages féminins constituent le fil d'Ariane du récit. A elles toutes seules, elles constituent trois générations de femmes témoins des soubresauts de l'histoire à la fois américaine et irlandaise. Pour elles, traverser l'Océan atlantique était une certitude, un peu comme celle des aviateurs Brown et Alcock dont le récit ouvre le roman. Elles témoignent du fait qu'"il est trop difficile d'estimer les conséquences de nos actes, mais qu'[il] est sûr que nos vies résonnent après nous."
L'intelligence de ce roman vient du fait que l'auteur a su établir de subtiles connexions dans le temps et les espaces qu'il décrit. Les personnages, les situations se font écho naturellement et offrent ainsi une cohérence d'ensemble très efficace. Comme son personnage Emily, journaliste, on sent la recherche pointilleuse du mot:
"On déroule la chaîne au dessus du puits, le seau tombe dans l'obscurité. On le remonte vide à chaque fois, jusqu'à ce que, au moment le plus inattendu, il arrive à draguer le fond. Porter le précieux chargement à la lune, puis de nouveau fouiller le néant."
Alcock et Brown |
Les grands et nobles héros de l'Irlande éternelle ne sont peut-être pas
ceux qu'on croit, "nos vies sont des tunnels qui parfois se connectent,
laissant entrer le jour à des moments inattendus, puis elles nous
replongent dans le noir."
Cependant, malgré ce roman ample et ambitieux, Colum McCann n'a pas réussi a établir une connexion suffisante et intuitive entre chaque récit (qu'on peut qualifier finalement de nouvelle) pour en faire un tout palpitant. Alors, oui, effectivement, il écrit une nouvelle fois que le vaste monde poursuit sa course folle, et qu'il a cela d'admirable, c'est qu'il ne s'arrête pas après nous, mais on reste sur sa faim, avec l'impression étrange que ce roman est vain ou lisse, au choix.
Cependant, malgré ce roman ample et ambitieux, Colum McCann n'a pas réussi a établir une connexion suffisante et intuitive entre chaque récit (qu'on peut qualifier finalement de nouvelle) pour en faire un tout palpitant. Alors, oui, effectivement, il écrit une nouvelle fois que le vaste monde poursuit sa course folle, et qu'il a cela d'admirable, c'est qu'il ne s'arrête pas après nous, mais on reste sur sa faim, avec l'impression étrange que ce roman est vain ou lisse, au choix.