samedi 5 octobre 2013
Sommeil, Haruki Murakami
La
narratrice a toujours eu de petits soucis de sommeil. Il fut même une
période, lorsqu'elle était étudiante, où elle dormait debout, totalement
comateuse sans que sa famille sans aperçoive. Bien ancrée dans une
routine familiale entre un mari dentiste et un petit garçon, tout va
bien pour elle, jusqu'à un soir où le sommeil lui échappe. Un rêve
éveillé assez étrange mettant en scène un homme au profil digne d'un
personnage de Stephen King, et une carafe d'eau, la destabilise
complètement. Dès lors, elle ne dort plus du tout la nuit sans pour
autant en ressentir les effets secondaires. Est-elle folle? Elle ne le
pense pas. Est-elle malade? Peut-être, car elle ne bénéficie plus de
"cet acte réparateur destiné à refroidir le moteur". En tout cas, la
narratrice s'organise pour combler ses nuits et se plonge dans la
lecture d'Anna Karénine, au point d'en devenir une fervente lectrice!
Murakami a choisi un personnage "bien sous tous rapports" submergé un
jour par un événement "déraisonné". A force de vouloir trouver une
explication, le lecteur accompagne l'héroÏne vers les retranchements
obscurs de la mort: et si la mort n'était qu'une vie sans sommeil?
L'état de veille permanent devient un état de fait mais aussi un moyen
d'analyser sa vie et d'y donner un sens. De plus, depuis qu'elle ne dort
plus, elle se sent de mieux en mieux, alors à quoi bon? A défaut de
comprendre, mieux vaut accepter la situation...Et ce ne sont pas les
illustrations de Kat Menschik qui apporteront un sens nouveau à cette
mystérieuse nouvelle. En utilisant des couleurs tels le bleu et le noir,
elle ne révèle pas la clé des songes mais en apprivoise ses aspects.
Elle donne corps à l'univers étrange de Murakami et visualise les scènes
clés du récit.