Ed Thierry Magnier, Quentin Bertoux (photographies), mars 2012, Collection photo-roman, 88 p. 9.20 €

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Photo Quentin Bertoux |
La vraie magie, selon lui, n’est pas la magie des lapins dans un chapeau, « elle est illogique, incontrôlable, nécessaire, terrifiante et magnifique
». Elle lui permet de rompre avec la monotonie, la douleur du
quotidien, et les dissonances du monde réel. Et toujours, en filigrane,
ce questionnement sur la disparition du père : où se cache-t-il depuis
cette fameuse nuit ? Que devient-il ?
On comprend alors que seule une
rupture du silence entre la mère et le fils, ainsi que le courage de
pouvoir mettre des mots sur la douleur de la séparation permettront un
retour à la réalité.
Les paragraphes sont courts, commençant
souvent par un mot clé : lenteur / magie / silence / surprise, par
exemple, mais au fur et à mesure, ces mots expriment la souffrance :
trou noir / mépris / pleurs… Eric Pessan oppose systématiquement le
merveilleux d’un nouvel espace dans lequel le narrateur évolue au
silence effrayant de la mère.
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Photo Quentin Bertoux |
La narration est renforcée par des
photos insolites de Quentin Bertoux. D’ailleurs, le récit s’appuie sur
la thématique proposée par le photographe. Le personnage récurrent, un
homme en complet noir portant un chapeau melon, fait incontestablement
penser aux tableaux de Magritte, et propose d’emblée une entrée dans
l’univers fantastique.
Eric Pessan n’est pas à son coup d’essai. Dans La Fête Immobile,
une série de clichés d’Hervé Plumet l’avait inspiré. D’ailleurs, encore
une fois, on retrouve des thèmes chers à l’auteur : une jeunesse
désorientée, un questionnement permanent sur le non-dit, et surtout ce
traitement original du silence qui fait qu’il devient un personnage à
part entière dont seul sa destruction et son effacement viendront au
bout du récit.