Ed. la Martinière Jeunesse, traduction (USA) de Daniel Lemoine, mars 2013, 506 pages, 14,90 €
Du moins la première dans ma classe
du cours moyen. Je suis sûre que des milliers de gamins, peut-être même
des centaines de milliers, avaient déjà succombé. Les gens avaient mis
longtemps à comprendre… ou bien s’étaient arrangés pour ne rien voir
alors que les enfants mouraient depuis longtemps.
Quand la nouvelle des décès s’était
finalement répandue, mon école avait formellement interdit aux
enseignants et au personnel de parler devant nous de la “maladie
d’Everhart”, ainsi nommée à cause de Michael Everhart, sa première
victime connue. Bientôt, il avait été décidé de lui donner un véritable
nom : neuro-dégénérescence idiopathique aiguë des adolescents… NIAA.
Ensuite, ce ne fut plus seulement la maladie de Michael ».
Ruby, la narratrice, a douze ans
lorsqu’elle est « déportée » dans un camp pour adolescents. En effet,
tous les jeunes gens n’ayant pas succombé à la maladie de Michael n’ont
pas eu le temps d’en profiter. Pointés du doigt, dénoncés parfois même
par leurs propres parents, ils représentent un danger. Rescapés et
pourtant dangereux ? Oui, car la vie sauve dévoile une aptitude
psychique chez le sujet, aptitude classée par un code couleur en
fonction de sa puissance (du jaune au rouge). Au fil du temps, Ruby
comprend qu’elle fait partie des Orange, car elle est capable
d’influencer la pensée d’autrui.
Après quatre longues années
d’internement, Ruby réussit à s’échapper du centre pénitencier tenu par
les unités Psi, grâce à l’aide d’une médecin.
FSP : Forces Spéciales Psi
* Uniforme : noir
* Rôle : Surveiller, punir, réglementer, rechercher, malmener, frapper… les ados survivants au N.I.A.A
* Règles à faire respecter dans les
camps : interdiction de parler, d’utiliser ses pouvoirs, de toucher
quiconque, de regarder dans les yeux
* Pouvoir : aucun
* Arme : instiller la terreur
Seulement, elle se rend compte que ce
service n’est pas anodin, son pouvoir pouvant être utilisé comme arme
potentielle pour toute organisation opposée au régime en place… Ne reste
plus alors que fuir, avec d’autres comme elle, et retrouver le parc
légendaire d’East River où, paraît-il, de jeunes rescapés vivent en
communauté et en autarcie totale.
L’auteur nous présente une Amérique en
ruine, surendettée, dirigée par un certain Gray usant et abusant de la
loi martiale pour son seul profit. Les liens du sang ne priment plus sur
les amitiés puisque les parents rejettent leurs propres enfants. Ainsi,
la jeunesse meurt d’un virus étrange, ou doit être régulée pour en
prévenir le danger potentiel. Dès lors, le monde présenté dans ce roman
est forcément à l’agonie…
Simplement, on peut se demander si on
peut qualifier ce roman de dystopie. Certes, en filigrane, le récit
contient une critique de la dictature politique en place ; certes,
l’avenir social présenté est très sombre, mais le roman n’est pas en soi
une contre-utopie. En effet, la société en place n’est pas à l’origine
une idée utopique qui vire au cauchemar. Non, il s’agit plutôt d’une
réaction extrême face à une pandémie.
Les Insoumis est présenté par
l’éditeur comme le tome 1 d’une trilogie (au moins). L’idée est
originale, attrayante même pour les adolescents très friands de ce genre
de sujet, mais l’ensemble souffre parfois de lenteur, s’attardant
souvent sur des détails inutiles, puis d’ellipses narratives laissant le
lecteur attentif complètement perdu. Les aventures de Ruby ne font que
commencer et c’est à espérer que le style mûrisse avec son héroïne.
A partir de 15 ans.