mardi 15 octobre 2013

Les Insoumis (tome 1), Alexandra Bracken

 Ed. la Martinière Jeunesse, traduction (USA) de Daniel Lemoine, mars 2013, 506 pages, 14,90 €

« La première victime fut Grace Somerfield.
Du moins la première dans ma classe du cours moyen. Je suis sûre que des milliers de gamins, peut-être même des centaines de milliers, avaient déjà succombé. Les gens avaient mis longtemps à comprendre… ou bien s’étaient arrangés pour ne rien voir alors que les enfants mouraient depuis longtemps.
Quand la nouvelle des décès s’était finalement répandue, mon école avait formellement interdit aux enseignants et au personnel de parler devant nous de la “maladie d’Everhart”, ainsi nommée à cause de Michael Everhart, sa première victime connue. Bientôt, il avait été décidé de lui donner un véritable nom : neuro-dégénérescence idiopathique aiguë des adolescents… NIAA. Ensuite, ce ne fut plus seulement la maladie de Michael ».
Ruby, la narratrice, a douze ans lorsqu’elle est « déportée » dans un camp pour adolescents. En effet, tous les jeunes gens n’ayant pas succombé à la maladie de Michael n’ont pas eu le temps d’en profiter. Pointés du doigt, dénoncés parfois même par leurs propres parents, ils représentent un danger. Rescapés et pourtant dangereux ? Oui, car la vie sauve dévoile une aptitude psychique chez le sujet, aptitude classée par un code couleur en fonction de sa puissance (du jaune au rouge). Au fil du temps, Ruby comprend qu’elle fait partie des Orange, car elle est capable d’influencer la pensée d’autrui.
Après quatre longues années d’internement, Ruby réussit à s’échapper du centre pénitencier tenu par les unités Psi, grâce à l’aide d’une médecin.
FSP : Forces Spéciales Psi
* Uniforme : noir
* Rôle : Surveiller, punir, réglementer, rechercher, malmener, frapper… les ados survivants au N.I.A.A
* Règles à faire respecter dans les camps : interdiction de parler, d’utiliser ses pouvoirs, de toucher quiconque, de regarder dans les yeux
* Pouvoir : aucun
* Arme : instiller la terreur
Seulement, elle se rend compte que ce service n’est pas anodin, son pouvoir pouvant être utilisé comme arme potentielle pour toute organisation opposée au régime en place… Ne reste plus alors que fuir, avec d’autres comme elle, et retrouver le parc légendaire d’East River où, paraît-il, de jeunes rescapés vivent en communauté et en autarcie totale.
L’auteur nous présente une Amérique en ruine, surendettée, dirigée par un certain Gray usant et abusant de la loi martiale pour son seul profit. Les liens du sang ne priment plus sur les amitiés puisque les parents rejettent leurs propres enfants. Ainsi, la jeunesse meurt d’un virus étrange, ou doit être régulée pour en prévenir le danger potentiel. Dès lors, le monde présenté dans ce roman est forcément à l’agonie…
Simplement, on peut se demander si on peut qualifier ce roman de dystopie. Certes, en filigrane, le récit contient une critique de la dictature politique en place ; certes, l’avenir social présenté est très sombre, mais le roman n’est pas en soi une contre-utopie. En effet, la société en place n’est pas à l’origine une idée utopique qui vire au cauchemar. Non, il s’agit plutôt d’une réaction extrême face à une pandémie.
Les Insoumis est présenté par l’éditeur comme le tome 1 d’une trilogie (au moins). L’idée est originale, attrayante même pour les adolescents très friands de ce genre de sujet, mais l’ensemble souffre parfois de lenteur, s’attardant souvent sur des détails inutiles, puis d’ellipses narratives laissant le lecteur attentif complètement perdu. Les aventures de Ruby ne font que commencer et c’est à espérer que le style mûrisse avec son héroïne.

A partir de 15 ans.