Ed. Points Seuil, septembre 2011, 490 pages, 8 euros
Gelée mais bluffée!
La
lecture suédoise et plus généralement nordique a cette particularité
que, dès le début, soit vous avez l'impression d'entrer dans un magasin
Ikéa en y lisant toutes les affiches, soit, plus sérieusement, vous êtes
tout de suite happé par l'étrangeté des noms de lieux, de personnes...
C'est aussi une atmosphère bien particulière, ici en l'occurrence très
froide, aussi bien à l'extérieure que dans l'âme humaine. L'héroïne, le
commissaire, Malin Fors possède elle aussi ses fêlures, tout comme ceux
qu'elle interroge ou ceux avec qui elle évolue. Elle gère comme elle
peut un métier envahissant, une fille ado et des amours en marge voire
en pointillés. Mais son mélange d'instinct et d'intuition féminine fait
d'elle un flic hors pair. En utilisant une narration basée sur
l'introspection de tous les personnages, ainsi que le point de vue de la
victime, le lecteur suit l'enquête. Ce mode narratif m'a valu parfois
des frayeurs tant parfois j'eus du mal à décrocher de cette lecture que
je qualifierai d'assez "scotchante"! Tant mieux, car jusqu'à la fin, on
tâtonne, on suppose, et des zones d'ombre subsistent. "Mais peut-être
que c'est cela la nature de la vérité: une série de développements
fugitifs plutôt qu'une affirmation vigoureuse?" se demande Malin à juste
titre. Le meurtre en lui-même ferait pâlir un mort, l'âme tourmentée de
l'assassin est un cas pour les psy, et enfin la victime a aussi voix au
chapitre... C'est très noir, c'est très froid (l'hiver en suède
forcément), mais ce n'est jamais "tape à l'œil" à sombrer dans des
détails sordides et glauques, ou des scène intenables. Et même si, au
fil de la lecture, on se rend compte que "les ténèbres naissent dans une
âme jamais éclairée par le regard de l'autre", on se surprend à tenter
de comprendre le pourquoi du comment. Bref, toutes ces lignes pour vous
recommander ce très bon polar, premier d'une série de quatre dont vous
devinerez avec aisance les titres!