"Ceux qui disent que la forêt est un endroit calme et paisible n'y connaissent rien. C'est un endroit où les bruits ne cessent jamais".
"Seule l'ivresse lui permettait d'accepter, d'effacer ou d'ignorer la réalité, sans ressentir aucune émotion. Mais même ivre, il ne pouvait rejeter toute la responsabilité de ses actes sur l'alcool".
"Ce que j'ai fait dans la forêt, ce que j'ai vu à ce moment là, ce dont j'ai été le complice, c'est cela l'hypothèque".
"Pour An-nam, le bourg n'était pas le royaume de la forêt. Elle n'en était maîtresse que de jour. La nuit, c'était la ville de l'alcool. La nuit, la rue appartenait aux magasins plongés dans le noir, aux enseignes allumées qui faisaient office de lampadaires, aux camions chargé de bois qui défilaient les uns derrière les autres comme des serpents, et aux hommes qui rentraient ivres en titubant".
Une chose est sûre tous ces hommes ne se sont pas égarés dans la forêt mais dans leur vie. Mais ils y sont liés à jamais et si un des habitants du bourg s'effondre c'est la communauté entière qui s'écroulera comme un château de cartes.
"Mais la vie des gens du bourg, elle, il devait la protéger. Leur vie ensemble. Chacun était uni à Jin et à cette forêt, d'une manière ou d'une autre (...) et pour cette raison, aucune n'existait en dehors de celle des autres".
L'autrice adore les ambiances vénéneuses et mystérieuses où chacun joue un rôle qui s'étiole au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue. Déjà, dans Le Jardin (Rivages, 2020), la nature inspirait et représentait l'état de folie des personnages. Dans La Nuit du hibou, c'est aussi le cas : la forêt rappelle aux protagonistes qu'il faut se taire, oublier ou faire semblant pour ne pas être englouti comme les autres.
Ed. Rivages, Collection Noir, juin 2022, traduit du coréen par Pascale Roux et Tae-Yeon Lee, 304 pages, 22€