mercredi 26 août 2020

Les sources invisibles du bonheur


Depuis sa rencontre avec Mitsuro, Hatoko, alias Popo, l'héroïne de la Papeterie Tsubaki a entamé une nouvelle vie. Elle est amoureuse et prend au sérieux son rôle de belle-mère auprès de QP (Haruna) qui s'attache vite à elle.
L'ombre de sa grand-mère n'est jamais loin, mais elle a appris à apprivoiser ses démons en déambulant à travers la ville de Kamakura (dont un plan est dessiné au début de l'ouvrage) et ses temples zen tout en continuant son activité d'écrivain public au sein de sa papeterie.

Hatoko est avant tout une humaniste. Elle aime les gens, évite de les juger prématurément et prend le temps de les écouter en leur proposant un thé. Des personnes de tous les horizons viennent la voir pour qu'elle écrive pour eux à un époux, une amie perdue de vue ou à un écrivain mort mais qu'on a secrètement aimé...

"Plutôt que de rechercher ce qu'on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste",

lui dit Mitsurô, son nouvel époux, alors que Hatoko se demande si sa place est bien légitime. Elle ne voudrait surtout pas que QP oublie sa vraie maman, Miyuki, morte trop tôt. Cette dernière a laissé des carnets remplis de son écriture fine. Les lire permet à Hatoko de mieux appréhender ses nouveaux rôles d'épouse et de mère. Elle qui s'est sentie toujours complexée, la tâche lui semble bien grande, mais dans son cœur, elle est persuadée qu'elle y arrivera...

La République du bonheur reprend les ingrédients de La Papeterie Tsubaki pour offrir au lecteur un nouveau moment suspendu dans les rues de Kamakura et ses temples, ou autour d'une tasse de thé. Pour Hatoko le bonheur s'inscrit dans la famille et dans l'accomplissement de son projet secret : écrire enfin pour elle, pour exprimer ce qu'elle ressent au fond d'elle, et non plus exprimer les sentiments intimes des autres. Pour cela, la jeune femme doit trouver la paix avec sa grand-mère disparue, sa mère dont elle ignore tout, et enfin la première épouse de Mitsurô morte tragiquement. Heureusement, l'amour, le dialogue et les petits instants de bonheurs qui parcourent son quotidien lui permettront de prendre enfin conscience de ce qui est important ou non.
Les calligraphies de Mitsui Tadahiro réalisées pour l'édition française sont les témoignages des lettres écrites par Hatoko dans son travail d'écrivain public. Rien n'est laissé au hasard, jusqu'à la forme de l'écriture afin de mieux retranscrire l'humeur de celui qui transmet le message.

Ainsi, encore une fois, Ito Ogawa s'inscrit comme celle qui sait retranscrire avec brio ces petits rien qui font, cumulés, le bonheur de l'existence.


Ed. Picquier, août 2020, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, 282 pages, 19€
Titre original : Kira Kira Kyowakoku