lundi 11 mars 2019

En attendant la neige, Christine Desrousseaux

"Depuis l'accident, j'étais comme un bois déposé au milieu d'une pièce, un paquet encombrant qui oblige les occupants de lieu à le contourner, sans que personne songe à le déplacer".
Véra est responsable de l'accident qui a tué sa mère et dans lequel elle a été grièvement blessée. De ce traumatisme elle garde une jambe à jamais meurtrie et une amnésie partielle. Même si son père et sa sœur Mathilde ne lui ont jamais reproché les faits, Véra a du mal à se reconstruire. Alors pour faire le point et fuir aussi quelques temps les siens, elle se réfugie dans le Jura, dans le cabanon d'un ami.
"Disparaître totalement. Ne plus donner aucune nouvelle. Se dissoudre dans un autre pays, une autre langue, une autre vie".
Là, pense-t-elle, elle pourra faire la paix avec elle-même.
"C'était à nous d'inventer ce pardon, de l'extirper du néant pour desserrer l'étau de culpabilité. Faire la paix avec une morte ne pouvait venir que de nous, même si c'était à sens unique, il y avait un retour salvateur".
C'est l'hiver et la région a la réputation de tempêtes de neige et froid glacial. Le cabanon est isolé. Le voisin le plus proche réside chez l'ornithologue du coin. Il s'appelle Andreas, il est médecin légiste et recherche une femme disparue depuis quelques mois.
"Mon seul espace de liberté était ce chalet perché sur la colline hérissée de sapins sombres : à l'abri du vaisseau de bois, il était possible de souffler, de reprendre des forces".
Paradoxalement son isolement est salutaire. Véra se sent revivre. Elle boite moins, et se sèvre de ses cachets. L'absence de réseau l'éloigne du harcèlement constant de sa sœur...
Andreas est un être perturbé, parfois taiseux, mais ils arrivent néanmoins à se lier d'amitié. Quand la neige les isole de plus en plus de la ville,Véra se sent en sécurité à ses côtés.
"L'arrivée de la neige signifiait déjà quelque chose : tu pars pu tu restes, tu as une décision à prendre".
Sauf que bientôt, le cadavre d'une jeune femme est retrouvée dans une faille...

En attendant la neige exploite le suspens jusqu'au dernier tiers de l'intrigue. Le roman se lit facilement, sans anicroche, même si on peut reprocher ça et là la faiblesse de certains dialogues.
L'hostilité de certains personnages s'opposent à la douceur et au calme apparent du paysage environnant.
Enfin, on sent que l'auteure a bâti son récit autour de la personnalité de son héroïne, Vera. En attendant la neige est aussi l'histoire de sa renaissance après son traumatisme.


Ed. Calmann-Lévy, janvier 2019, 288 pages, 17.90€