vendredi 24 octobre 2014

Je suis une légende, Richard Matheson

Ed. Folio Gallimard, collection SF, traduit de l’anglais (USA) par Nathalie Serval, mai 2001, 240 pages, 6.2 euros

Parce qu'il est homme...


Livre phare de la littérature de Science-Fiction, écrit en 1954, et situant le récit entre 1976 et 1979.



"Le monde est devenu fou, songea-t-il. Les morts s'y promènent à leur guise, et cela ne m'étonne même plus." 
Robert Neville est le dernier survivant d'une épidémie ayant touché toute la population, ou plutôt dernier survivant sain car, la nuit, ses voisins, et les autres new-yorkais sortent à la recherche de sang frais...
Ce sont des vampires mais ayant gardé des traits humains. Ils se divisent en deux catégories: ceux morts durant l'épidémie et qui reviennent à la vie, et ceux "vivants" touchés par le virus.
 Richard, semble-t-il, est immunisé naturellement.  Il organise sa vie en partant du principe que "son existence n'en reste pas moins un combat stérile et sans joie", "une énigme" que "son acharnement à vivre" dans un monde qui n'existe plus. 
Le lecteur suit de mois en mois l'évolution psychologique et matérielle de Neville: ses abattements, ses nuits blanches, ses introspections douloureuses, ses moments d'euphorie.
Petit à petit, il devient l'incarnation de la "vie à tout prix", un peu comme le héros de La Route de Mc Carthy: il s'acharne à survivre dans un monde à l'agonie. 
A force, le monde se réduit à la seule dimension du présent immédiat, "un présent tout entier fondé sur la survie, ignorant les sommets de la joie comme les abîmes du désespoir"

Au delà du récit et de la chasse aux vampires, ce roman propose une véritable réflexion sur la solitude, l'isolement, l'existence lorsque les piliers fondamentaux ont disparu. Pas de monstres sanguinaires, pas de zombies comme dans le film éponyme, mais "ils", "les autres" sont devenus la nouvelle société émergente dans laquelle Neville incarne le danger et l'intrus à détruire.
 Dès lors, il est devenu une légende.